Rappel du premier message :" La chasse aux gros est ouverte " Un trait d'humour pour ouvrir cette réflexion sur un problème touchant de plein fouet un nombre conséquent de sous-officiers de la Gendarmerie Nationale lors des VSA de 2009 (notamment en Région Rhône-Alpes).
Cette année, il semblerait qu'une application stricte des textes ait été « décidée » par des autorités médicales militaires. De nombreux sous-officiers ont été « invités » à perdre du poids dans un délai allant de 3 à 6 mois afin de revenir dans le cadre militaire d'aptitude médicale, entre d'autres termes pour avoir un IMC inférieur ou égal à 30.
Mal vécue par certains militaires, cette « annonce » a souvent été faite de manière abrupte (pour ne pas dire brutale). Les « consultations » ont été comparées à des « contrôles techniques », avec le sentiment d'une focalisation sur un seul « indicateur d'aptitude physique »...
Si le problème doit être soulevé - car le surpoids et l'obésité peuvent, à terme, menacer la santé de l'intéressé – la manière de faire est plus que contestable. En effet, aucun des personnels n'est reparti du centre médical avec une posologie visant à perdre le poids en sus « montré du doigt ».
Cette annonce abrupte et soudaine, dont l'impact est subi de manière très différente suivant les individus, peut amplifier un mal-être déjà installé dans la vie du concerné, peut aggraver un état dépressif ou grever son quotidien en ajoutant aux différentes charges inhérentes à notre profession des sentiments « d'insécurité » ou de culpabilité face à une pathologie qui est difficile à gérer.
Cette radicalisation étant devenue un problème, il semble essentiel d'aborder ce sujet au regard des différents textes y faisant référence.
DEFINITION DE L'IMC Tableau en vigueur...
– Définition (Wikipédia)L’indice de masse corporelle (IMC ; en anglais, BMI : Body Mass Index) est une grandeur qui permet d'estimer la corpulence d'une personne.
Cet indice se calcule en fonction de la taille et de la masse. Bien qu'il fût conçu au départ pour les adultes de 18 à 65 ans, de nouveaux diagrammes de croissance ont vu le jour au cours des dernières décennies pour les enfants de 0 à 18 ans. Dans les deux cas, il constitue une indication et intervient dans le calcul de l'IMG.
Inventé par Adolphe Quételet (1796-1874) — illustre scientifique belge, astronome, mathématicien et l'un des fondateurs de la statistique moderne — cet indice est aussi appelé indice de Quételet.
Réflexion personnelle : en 1850, l'espérance de vie en France est de 43 ans... (source INED : www.ined.fr ) Et la taille moyenne d'un conscrit était de 1,65m (source INSEE)...- Intérêt de l'IMCL’Organisation mondiale de la santé a défini cet indice de masse corporelle comme le standard pour évaluer les risques liés au sur-poids chez l'adulte. Il a également défini des intervalles standards (maigreur, indice normal, surpoids, obésité) en se basant sur la relation constatée statistiquement entre l'IMC et le taux de mortalité.
Les compagnies d'assurance américaines l'utilisent afin de déterminer les risques d'accident cardio-vasculaire chez leurs assurés à partir de données restreintes, et font varier les primes demandées selon ce critère. Les accidents cardio-vasculaires sont de toute façon rares
avant 65 ans, et il existe bien des manières beaucoup plus scientifiques de déterminer un risque : cholestérolémie, rythme cardiaque avant et après effort, etc., examens que les dites compagnies ne peuvent légalement pas demander à leurs clients.
Cet indice est surtout utile pour mettre en évidence l'augmentation des facteurs de risques.
Il n'a pas vocation à déterminer précisément la valeur de la masse grasse et encore moins de la masse musculaire et osseuse.L'IMC est corrélé avec une hausse de la mortalité toutes causes confondues, mais on constate particulièrement une hausse des décès dus aux maladies cardio-vasculaires, aux cancers, au diabète, aux accidents au fur et à mesure de l'augmentation de l'IMC.
- Réserves à l'égard de l'IMCIl est important de garder à l'esprit que l'IMC n'est qu'un indicateur, non pas une donnée absolue. Du fait de leur masse musculaire, certains sportifs ont un indice de masse corporelle supérieur à 25 kg/m², sans qu'ils encourent de danger. De plus, selon la morphologie d'une personne, son IMC de bonne forme varie. Une personne peut être trapue sans être grasse (par exemple Bixente Lizarazu, Mike Tyson ou Jonah Lomu), et une autre peut être longiligne mais avoir une masse graisseuse trop importante.
Tout jugement doit donc également prendre en compte son indice de masse grasse et la consultation d'un médecin nutritionniste ou d'un diététicien diplômé est recommandée.
Pour préciser le risque individuel, d’autres facteurs tels que les habitudes de vie, la condition physique et la présence ou l’absence d’autres facteurs de risque pour la santé doivent aussi être pris en considération.
– Obésité et surpoids d'après l'Organisation Mondiale de la SantéLe surpoids et l’obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé.
L’indice de masse corporelle (IMC) est une mesure simple du poids par rapport à la taille couramment utilisée pour estimer le sur-poids et l’obésité chez les populations et les individus adultes. Il correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m².
L’IMC est la mesure la plus utile du sur-poids et de l’obésité au niveau de la population car elle s’applique aux deux sexes et à toutes les tranches d’âge adulte.
Il doit toutefois être considéré comme une indication approximative car il ne correspond pas nécessairement à
la même masse graisseuse selon les individus.L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit le surpoids comme un IMC égal ou supérieur à 25 et l’obésité comme un IMC égal ou supérieur à 30. Ces seuils servent de repères pour une évaluation individuelle, mais
il est attesté que le risque de maladies chroniques
augmente progressivement au-delà d’un IMC de 21.– Stigmatisation de l'obésitéLa stigmatisation ne crée probablement pas le surpoids et l’obésité, mais elle l’aggrave et l’entretient, dans un cercle vicieux difficile à vaincre et à stabiliser. Elle désocialise le rapport à l’alimentation, accroît l’anxiété du mangeur, ce qui brouille les signaux internes de faim et de satiété, et favorise les conduites de compensation. En somme, la stigmatisation des obèses aggrave leurs troubles du comportement alimentaire et les conduit à prendre du poids !
LIEN : le site du G.R.O.S (Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids) : http://www.gros.org/accueil/index.phpLA VISITE SYSTEMATIQUE ANNUELLE (VSA)– Le texteIl s'agit de l'Instruction N° 1700 DEF/DCSSA/AST/AS du 28 janvier 2002 relative au suivi et au contrôle de l’aptitude à servir du personnel militaire.
– L'objet de la VSALa visite médicale périodique est annuelle. Elle a pour objectif :
– de contrôler l'aptitude générale au service au regard des dispositions contenues dans l'instruction relative à la détermination de l'aptitude médicale au service, citée en septième référence (Instruction n° 2100/DEF/DCSSA/AST/AME du 1er octobre 2003) ;
– de vérifier l'aptitude à l'emploi tenu et/ou postulé, l’aptitude au service à la mer (SAM) ainsi qu’à toutes missions opérationnelles : mission de courte durée outre-mer (MCD OM), opération extérieure (OPEX) en se référant aux textes réglementaires définissant les normes médicales minimales requises ;
– de vérifier les aptitudes particulières à certaines conditions d'emploi, en particulier celles exposant à un risque professionnel où à des nuisances diverses pour lesquelles l'aptitude à l'emploi est complétée, en tant que de besoin, par des prestations de médecine de prévention dans le cadre des surveillances médicales spéciales, en application de l'instruction de onzième référence. Dans ce cas cette visite tient lieu de visite médicale périodique à condition que sa fréquence soit au minimum annuelle et qu'elle comporte les examens cliniques et complémentaires précisés dans la présente instruction ;
– de procéder au contrôle annuel médico-physiologique de l'entraînement physique et sportif du personnel militaire non soumis à un entraînement sportif intensif, conformément à l'instruction de dixième référence (Instruction n° 5140/DEF/CSM/EPS/S/C -
655/DEF/DCSSA/AST/AS du 18 mars 1994).
Un certificat est établi à l'issue de la visite.
– Nature de la visite médicale périodiqueLa visite annuelle est une expertise médicale qui repose sur le triptyque suivant :
– l’entretien médical individuel ;
– l’étude du livret médical ;
– l’examen clinique, conduit en fonction de chaque cas particulier, tenant compte des différences physiologiques liées au sexe et réalisé dans les règles de l’art médical.
A cette occasion le médecin examinateur s’attache à évaluer plus particulièrement :
– l’état bucco-dentaire ;
– la stabilité psychologique ;
– les conduites additives ;
– le statut vaccinal ;
– les contre-indications éventuelles aux chimio-prophylaxies (Le terme fait aussi bien référence à des procédés médicamenteux qu'à des campagnes de prévention ou à des «bonnes pratiques » adaptées).
Hormis les cas prévus par la loi ou la réglementation, aucun bilan biologique ou paraclinique ne doit être prescrit à titre systématique de façon non discriminée.
Ce n’est qu’à l’issue de l’examen clinique et en fonction des données recueillies, que le médecin détermine librement les examens complémentaires utiles et les consultations spécialisées rendues nécessaires :
– soit en vue d’une détermination des conditions d’aptitude générale au service ou particulière à l’emploi ou à la spécialité (médecine d’expertise et médecine de prévention), à charge du service de santé des armées ;
– soit dans le cadre d’un bilan de santé (médecine de soins), à charge des organismes de protection sociale ou dans le cadre d’actions de santé publique.[...]
– Contenu de la visite médicale périodique ---L’expertise médicale comprend obligatoirement :
Un questionnaire médicobiographique signé par le bénéficiaire de la visite.
Un entretien à la recherche de facteurs de risques :
– conduites additives ;
– antécédents de maladies sexuellement transmissibles ;
– maladies cardiovasculaires ;
– etc… ;
Un examen biométrique.
Une détermination de l’acuité visuelle avec et sans correction.
Une détermination de l’acuité auditive.
Un examen clinique complet, répondant aux règles de bonne pratique, mené sur un(e) patient(e) déshabillé(e), en respectant la dignité de celui-ci (celle-ci) et précédé d’une information préalable. Il doit être complet, appareil par appareil, sans exclusive. Les touchers pelviens sont pratiqués en fonction de la symptomatologie fonctionnelle. Ils sont réalisés, lorsqu’ils sont indiqués en respectant les règles habituelles : information préalable du (de la) patient(e), respect de la pudeur et accord de l’intéressé(e). Celui-ci ou celle-ci, dans ce cas particulier, peut choisir d’être examiné(e) par un praticien de son choix qui toutefois doit être un praticien hospitalier militaire dès lors que la suspicion clinique d’une affection est susceptible d’influer sur la décision d’aptitude.La vérification du calendrier des vaccinations et sa mise à jour le cas échéant.
Pour le personnel susceptible de partir en OPEX ou outre-mer : un panoramique dentaire au moins tous les cinq ans.
Un électrocardiogramme (ECG) tous les 2 ans après 40 ans.
En fonction de l’emploi, les examens complémentaires requis par la médecine de prévention.
--- De façon facultative
Le choix des examens complémentaires, biologiques ou de spécialités, est guidé par les constatations du questionnaire médico-biographique, de l'entretien à la recherche des facteurs de risques et de l'examen clinique. Il s'appuie également sur les recommandations des « références médicales opposables ».
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