Escadron 1/22 MARSEILLE

"Déplacés en Nouvelle-Calédonie depuis le 18 février 1988, les officiers, gradés et gendarmes de l'escadron 1/22 de gendarmerie mobile ont accompli leur mission en des circonstances particulièrement difficiles et délicates, à l'occasion de troubles graves ayant eu lieu sur le territoire entre le 23 avril et le 8 mai 1988.
Ils ont fait preuve d'une disponibilité, d'une compétence, d'un esprit d'abnégation dignes d'éloges et conservé un esprit de cohésion ainsi qu'une capacité opérationnelle remarquable"
signé : le Général de division NIVLET, commandant la 5ème Région de gendarmerie à LYON

Ces Félicitations, décernées entre deux portes, à titre collectif, il m'arrive de les ressortir avec ce sourire qui en dit long sur la vraie reconnaissance de cette tragédie

Ironie du sort, 22 avril après midi, je fais partie de ce détachement d'une quarantaine d'hommes en alerte permanente à la Tontouta, qui s'envolent immédiatement pour Ouloup, sous les ordres du Capitaine Yannick de Salvador (page 83 du livre "OUVEA quelle vérité ?" du Général Alain Picard)
22.04.1988 comme le stipule l'ordre d'opérations de la page 82 et non le 23 comme cette parodie de féloche...
Mais est ce que tout cela a une importance maintenant ?
Même pas quatre jours que nous étions arrivé sur le caillou que nous partions en PUMA sur Tiéti pour une première prise d'otages qui durera toute la nuit
Pourtant, quand je revoie ma gueule de branleur monogalon, limite insolent, avec mon mas 36 en bandoulière et mes pataugas, il m'arrive de douter d'avoir réellement participer à ces évènements
je me serais bien appuyé sur les témoignages de mes frères d'armes mais l'escadron fut confidentiellement dissous en juillet 90 et son personnel éparpillé au gré du territoire
Ni gloires, ni peines, comme résignés de la considération de nos chefs
Pour nous remercier de notre efficacité de 88, nous sommes repartis l'année d'après pour les iles loyautés, histoire d'assister en spectateurs avisés à l'assassinat de Tjibaou et Yeiwéné
ce fut pour moi l'occasion de passer ce fameux CAT cocotier sur l'ile dOuvéa avec l'épreuve magique dactylo dans les locaux même de la brigade de Fayaoué
drôles de souvenirs beaucoup plus réjouissants que ces corps allongés, l'année d'avant, sous des draps et cette douleur qui vous prend aux tripes face à cette jungle devenue ennemie
J'aurai pu parler d'années noires, trouver l'anecdote de mon ajournement de passage de carrière pour manque de rigueur militaire quelque peu incongru, surtout quand les ouvertures de routes craignos c'était pour notre pomme les mono qui pensaient qu'à bringuer dès qu'on leur lâchait la bride
mais le temps des secrets a débouler, emportant dans son putain de sillage les bons gars
Avoir mélangé perfidement l'histoire de nos gendarmes morts à Ouvéa, exécutés en faisant leur devoir avec l'assaut de la grotte, ça, je ne l'ai jamais digéré
tout comme cette minute de silence à leur mémoire, refusée par Laurent Fabius à l'assemblée nationale en 89 ou encore cette réflexion hallucinante de la ligue des droits de l'homme en justifiant ce drame par "le premier sang versé était Kanaque..."

oui, à cette époque, on pouvait parler de malaise sans rougir
Charles Hernu, ancien ministre de la Défense et fils de gendarme, déclare à la même époque : « Les gendarmes se sentent de moins en moins reconnus dans leur dignité. Après les événements de Nouvelle-Calédonie, l'opinion ne s'est pas assez rendue compte que les gendarmes avaient laissé leur vie là-bas. La nation, dans son ensemble ne s'est pas montrée suffisamment reconnaissante ».

Aujourd'hui, il ne me reste que les souvenirs, ces histoires d'hommes et cette identité
Ce post n'est pas qu'une thérapie perso, destiné a écorché nos consciences
Dans chacun de nos jeunes mobiles, il y a une part de ces gars qui y sont allé et si la tragédie devait ressurgir, comme nous, ils répondront présents
A nous, cette fois, de ne pas les oublier...

:salut:

Merci.

mieloup a écrit:

.............oui, à cette époque, on pouvait parler de malaise sans rougir.
Charles Hernu, ancien ministre de la Défense et fils de gendarme, déclare à la même époque : [i]« Les gendarmes se sentent de moins en moins reconnus dans leur dignité............

Déjà, à cette époque ! ! !

Ne sois pas malheureux Mieloup ! ! 20 ans plus tard, rien n'a changé ! ! !

Ton état d'âme fait mal mon gars, mais il montre aux jeunes ce que reste un malaise, quand il est mal géré par nos politiques ! !

Respects Monsieur Mieloup ! ! !

J'abonde totalement à ta pensée MIELOUP.
L'escadron de TOULOUSE a suivi celui de MARSEILLE. Nous avons du nous croiser sur ces pistes.
De plus ton Cdt d'unité était lieutenant à oulouse avant d'aller à Marseille.
J'étais pilote VBRG à son peloton.
Que dirte des réactions des politiques après les evenements de canala.
A titre info nous étions 3 escadrons (90 à ce moment -là) dans des locaux prévus pour un BT à 6 familles. Plus le détachement des VBRG de satory et le GIGN.
Bonjour la promiscuité.
Dès que le gouvernement à changé, les tirs ont cessés et nous étions les meilleurs amis du monde.

Ce qui prouve que le malaise en GIE n'est pas d'aujourd'hui. Mais à ce moment ils disaient: " BAH, ce sont des mobiles , ils se dém....deront toujours

Séchez cette petite larme et avançons.

Cordialement à tous

bonjour
et merci aux intervenants sur ce post quelque peu confidentiel, en fait
je suis autant Monsieur que toi NARDO, comme tous les anonymes qui font le job quelque part, sur une route de campagne ou sur un terrain en OPEX. autant Monsieur que ces femmes et ces hommes qui œuvrent, chaque jour, chaque nuit, pour le bien être des citoyens
mes états d'âme commencent à dater, hélas, et le message pour les générations, actuelles à venir, doit progresser sur une autre voie
il serait fou d'imaginer que ce genre de tragédie ne pourra plus se reproduire avec les mêmes effets dévastateurs sur le moral des personnels
Les violences urbaines, les MO style CPE, sont là pour rappeler qu'un jour ou l'autre il faudra retourner au charbon
la calédo de 84, de 88, c'est terminé...
seuls quelques souvenirs perdurent mais pour combien de temps ?
le DG a parlé de nos morts d'Ouvéa à HONDSCHOOTE
il a dit aussi ces mots :

Mais je n'oublie pas bien-sûr tous ceux qui, chaque année, tombent, victimes du devoir sur cet autre champ d'honneur – celui du quotidien qui voit la mort dramatiquement jaillir d'un territoire et d'une population en paix.
Ils ne sont pas moins morts pour la FRANCE que leurs anciens des champs de bataille :
- ceux qui tombent sous les balles d'un bandit ou d'un forcené ;
- ceux qu'un inconscient fauche au détour d'une route où justement ils cherchaient à protéger des vies ;
- ceux enfin qui voient la vie les quitter dans les milieux hostiles où ils apportent en tout temps secours et assistance à ceux qui sont en danger.
Et à l'heure où il m'est donné d'évoquer ceux des nôtres qui ont perdu la vie, je souhaite enfin dire un mot de ceux dont on ne parle jamais – ceux que la mémoire collective a tendance à refouler : ceux qui choisissent délibérément la mort. Quelles que soient les raisons de leur choix,
sans doute notre institution leur doit-elle également le temps du souvenir.

Espérons que nous nous souviendrons encore, sous peine de nous endormir éternellement...

quand à Roller, effectivement, on a progressé sur les mêmes pistes, d'ailleurs Marseille avait suivi Toulouse lors d'une liaison Nouméa Canala pour escorter du ravito à la brigade assiégée (et le mot est assez fort !). escorte entrecoupée de rafales AA52 sur les divers barrages dressés tout au long de la progression. certains barrages étaient d'ailleurs piégés avec des bouteilles de gaz si je me rappelle bien...nos vieux 4x4 étaient équipés du système AD pour couper le câble tendu à hauteur de tête...que du bonheur ces petites virées dans un environnement calme et apaisant et avec des patrons d'une amabilité incroyable avec leur petit personnel
notre bon yannick avait exigé que l'on soit rasé de près et les rangers bien cirées tous les matins quand nous sommes resté à l'insu de notre plein gré 4 jours à Canala
dans des conditions que tu as bien connu...
[i]

Pour toi, mieloup, et pour le grand. Et pour les autres aussi. En hommage.

http://fr.youtube.com/watch?v=K1qAXZZbFCo&feature=related

1988 en Nouvelle Calédonie, que de souvenirs!!!!!

Mieloup et Rollerman, nous nous sommes certainement croisés sur le Caillou. J'ai moi aussi fréquenté Ouvéa et Canala (avec les lits picots alignés sur la terrasse de la brigade).

Dans ces moments difficiles, le mot cohésion prend tout son sens.

Pendant que nous étions dans le feu de l'action, en métropole nos épouses, nos mères, nos fiancées, se levaient le matin avec le premier journal télévisé et se couchaient le soir après le dernier.
Merci de leur dédier vos hommages à elles surtout, elles les ont bien mérité.

Bravo mieloup pour ce "ce retour d'expérience". Tu as bien résumé la situation et les sentiments que nous partagions dans cette brigade assiègée, plantée sur son piton (heureusement pour nous car qui tient les hauts, tient les bas).
Nous étions jeunes pour la plupart d'entre nous mais encadrés par des gradés et des commandants d'unités expérimentés. Je me souviens des "Patrons" des Egms de Périgueux, Toulouse et Marseille, tous des dixièmes, si ma mémoire est bonne. C'était la misère car au plus fort des evenements, nous devions être pas moins de 400 ( gendarmes, loyalistes) dans ce quadrilatère de 40 mètres sur 40 mètres, mais les gars, quelle "magnifique" cohésion. Et puis comme tu le fais justement remarqué, de jeunes "branleurs', nous sommes revenus de cette expérience plus mures car nous avons vécu la situation extrême inhérente à notre profession ( l'usage des armes). Cette expérience restera gravée pour longtemps dans nos mémoires et dans celles de nos proches (bravo moblot 2000 pour ton "hommage" à nos proches.

merci moblot2000 de nous rappeler l'inquiétude de nos proches qui, à 20000km, à des années lumière de la com internet d'aujourd'hui, se posaient de terribles questions sur nos sorts
comme je n'étais pas très pièces et surtout beaucoup branleur et que les rares cabines étaient prises d'assaut dès qu'un moment le permettait, ce fut un pote de galère qui rassura ma mère sur ma faculté d'adaptation en milieu hostile
eh oui, cher hans, sur les 4 jours passés à l'insu de mon plein gré dans cette si jolie brigade, je n'ai même pas eu l'honneur du lit picot en extérieur
mon petit duvet vert et un coin d'herbe pour amortir
j'imagine que tu devais habiter dans ta conserve bleue ! (lol)
quelques années plus tard, quand j'ai passé le DA et qu'on me donnait la leçon en combat, j'essayais de faire abstraction entre cette théorie notée et une réalité qu'on nous avait effacé
la mémoire courte, j'ai toujours adoré...

Et non, mieloup je ne dormais pas dans ma boite de conserve bleue mais dans l'une des deux magnifiques tentes modèle 56. Mais pour ce privilège, il faut dire que nous etions arrivés les premiers.

Mieloup et Hans 87, nous avons du nous croiser pendant ces événements de 1988.
Je suis arrivé à Ouloup le lundi 25 avril, j'en suis reparti le 6 mai.
Ensuite, j'ai passé 4 jours à Canala. Si mes souvenirs sont bons, il y avait l'escadron de Cherbourg sur place.
C'était un déplacement très chaud!!!!!

Dommage que le numérique n'existait pas !

mieloup hans87 et les autres vous avez oublié un egm, celui de decize le 1/20,oui le faneux 1/20.on etait d alerte don tomet le fameux matin on est parti de la residence direction paris.PARIS NOUMEA en KC135 le ravitailleur en vol de l armée de l air via les states et via HAO a cote de tahiti puis NOUMEA,le lendemain on est parti a ouvea en transal ,le terrain de foot n est pas trop grand mais on s y est posé, dormir en brousse a meme le sol ou sur les bancs de l eglise a st joseph, je vais te dire a 22 ans vivre et voir tout cela et bien cela magne la gu...e ,enfin et quand tu vois comment tu es consideré a ton retour en metro et bien tu te poses des questions

wynotaw a écrit:

Dommage que le numérique n'existait pas !

le numerique n esxistait pas mais les gars des helico avait de beau appareils photos ile en ont de bonnes qui se sont bien vendu a paris match

et n'oublions surtout pas l'escadron de villeneuve d'ascq et ses militaires bléssés ou décédés........

citiizen89, je t'ai envoyé un MP.

un gradé de mon escadron y était.. il a vraiment été affecté, aujourd'hui encore on le ressent quand il en parle..

pour ma part, je pars en Calédonie avec mon escadron le 23janvier

moblot2000 a écrit:

Mieloup et Hans 87, nous avons du nous croiser pendant ces événements de 1988.
Je suis arrivé à Ouloup le lundi 25 avril, j'en suis reparti le 6 mai.
Ensuite, j'ai passé 4 jours à Canala. Si mes souvenirs sont bons, il y avait l'escadron de Cherbourg sur place.
C'était un déplacement très chaud!!!!!

On a certainement crapahuter ensemble sur les axes "encombrés" du secteur de Canala !
J'étais présent la bas du 23 avril au 20 mai 88.
De nombreux EGM y ont fait un tour plus ou moins long pendant cette période.
Concernant CHERBOURG, nous les avions vu être relevé à la fin de leur séjour, par l'EGM de MAYENNE à THIO au milieu du mois de février, ET qu'elle ne fut pas notre surprise de les revoir à Canala en ce début du mois de mai, mais il faut dire qu'à cette époque, c'est pas moins d'une trentaine d'escadrons qui étaient présents sur ce Théatre d'Opérations Intérieur.

TeStA a écrit:

un gradé de mon escadron y était.. il a vraiment été affecté, aujourd'hui encore on le ressent quand il en parle..

pour ma part, je pars en Calédonie avec mon escadron le 23janvier

Veinard !!!!
Bon séjour et profites en bien car c'est à mon avis le meilleur séjour en outre-mer.