Audition de l'Association Gendarmes et Citoyens à l'Assemblée Nationale

Rappel du premier message :

Bonjour,
25 mai 2011, audition par la Mission d’Information sur le dialogue social dans les armées constituée par la Commission de la Défense Nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale.
Messieurs les députés Gilbert Le BRIS et Etienne MOURRUT, assistés de deux administrateurs, ont reçus, 33 rue Saint Dominique à Paris, le président de l’association accompagné d’un membre du conseil d’administration.

L’entretien, qui a duré une heure, a été très dense et a permis de démontrer que les deux parlementaires connaissent parfaitement les éléments de la participation et de la concertation en Gendarmerie. Ils nous ont prêté une oreille très attentive, et nous avons pu apporter notre point de vue, étant précisé que nous sommes demeurés attachés aux buts et aspirations de notre association, à savoir, droits d’association et d’expression.

A la demande des deux parlementaires, nous avons présenté l’association en rappelant l’historique de sa création. Il a été précisé que l’A.G.&C. a été fondée par des membres du forum Gendarmes et Citoyens, dans le but de lui constituer une existence juridique ; consécutivement à l’obligation faite aux actives de démissionner, ce sont des retraités et des civils qui en ont repris les commandes.
A la demande de nos interlocuteurs, nous avons rétorqué que si le nombre de membres était fluctuant, le nombre de sympathisants ne cessait de croître ; la faible proportion d’adhérents s’explique par la crainte de représailles éventuellement exercées par la hiérarchie.
Sur une autre question, concernant la séparation des deux entités, forum et association, nous avons précisé que les conséquences de cette scission ne pouvaient être que négatives ; pour en établir les causes, il suffit de chercher à qui profite l’affaiblissement de l’association généré par cette séparation.
Nous avons stipulé que l’AG&C désire nouer les liens les plus étroits possibles avec le forum, et que la majorité des renseignements sur le moral en Gendarmerie y était puisée. Actuellement, le sentiment émanant des sujets évoqués sur ce forum tend à prouver que les gendarmes sont loin d’être satisfaits de leur condition.
Nos interlocuteurs nous alors ont demandé si notre association comprenait des officiers, ce à quoi nous avons répondu par l’affirmative.

Concernant la nouvelle participation , le questionnement a porté sur notre sentiment quant à la composition du groupe de travail qui en a jeté les bases.
Nous avons laissé entendre, selon nos impressions, que les fondations de cette participation était déjà bien établies et que quelques membres du forum (également membres de l’association) ou du CFMG sont en place pour cautionner, alors que des officiers « sachants » de la direction se bornent à encadrer le débat, et évitent de sortir des lignes établies en haut lieu.
Monsieur Le BRIS a fait état de l’article de notre magazine précisant que la nouvelle participation n’était qu’un ravalement de façade de la précédente. Nous avons avancé que l’expérience ne fait que confirmer notre première impression, et qu’en supprimant les représentants par catégorie, ou en en réduisant le nombre de 2000 à 800, on ne peut imaginer qu’il puisse y avoir un progrès, alors que le quota des représentants de la chaine de commandement reste le même.
On ne peut cependant nier que la création des référents et autres conseillers aux échelons principaux de commandement constitue un progrès. Il nous paraît cependant nécessaire qu’une réelle indépendance des membres de la chaîne de participation, par rapport aux échelons de commandement, soit instaurée. Il est primordial d’obtenir une véritable communication, indépendante et bilatérale.
En fonction de l’absence de représentants par catégories (gradés et gendarmes), nous n’imaginons pas un gradé se confier à un gendarme PPM placé sous ses ordres, et pester concernant le fonctionnement de la chaîne de commandement. A l’inverse il est difficile d’imaginer un gendarme ayant à se plaindre des méthodes de commandement de son supérieur, si ce dernier est son PPM. Rien n’empêche cependant ces militaires de s’adresser directement aux référents des échelons supérieurs. Toutefois, cet « affranchissement » d’une certaine voie hiérarchique risque d’entraîner des « retours de bâton ».
A la question de M. MOURRUT de connaître en quoi pourraient consister ces sanctions, il a été répondu que la notation s’en ressentirait ; nous savons qu’elle conditionne l’avancement, ou les avis (favorables ou défavorables) préliminaires à une mutation souhaitée.
Il n’existe pas de protection réelle pour les acteurs de la concertation. Nous avons cependant affirmé que, suite aux renseignements recueillis (et qui ne peuvent qu’être que parcellaires) dans certains secteurs, la participation fonctionne bien grâce à un commandement « qui joue le jeu », alors qu’ailleurs, c’est loin d’être le cas.
Nous avons cité l’exemple du Loir-et-Cher : pas ou peu de volontaires aux postes à pourvoir mais, paradoxalement, un fonctionnement plutôt satisfaisant. D’où la réflexion du référent groupement que nous avons précédemment rencontré :
« Le gendarme est comme le Français moyen, râleur et critique mais lorsqu’il faut s’engager, il n’y a plus personne. »

La nouvelle participation est perçue de façon différente par les gendarmes : les acteurs réellement impliqués y croient et espèrent, les autres ne se sentent pas concernés ou s’en moquent ; certains, en outre, se verraient totalement absorbés par la Police, estimant que le logement C.N.A.S. n’est plus un avantage.

S’agissant de la création d’associations et l’accès à un véritable droit d’expression, nous avons évoqué le système Espagnol, basé sur la création d’associations catégorielles, apolitiques et élisant les représentants de la structure nationale (équivalente au CFMG). Ce modèle demande évidemment à être adapté.
Nos interlocuteurs nous ont bien évidemment questionnés sur ce système espagnol, que nous avons pu étudier, lors d’une rencontre in situ avec des membres de la « Guardia Civil » de la région de Valencia.

Nous avons par ailleurs clairement avancé que nous souhaitions que la gestion de notre association soit reprise par les gendarmes en activité.
M. MOURRUT nous a fait remarquer que la présence des retraités dans diverses structures au niveau des armées avait une certaine force de proposition ; nous en convenons, précisant toutefois que la force de l’UNPRG réside principalement dans le nombre de ses adhérents et son journal l’ESSOR. Nous avons d’ailleurs regretté que le président actuel de l’UNPRG ait refusé un partenariat avec notre association.

Nous avons par ailleurs souligné la différence de traitement dans un même ministère entre les gendarmes, militaires, soumis à l’obligation de réserve et travaillant à flux tendu en fonction des besoins, et les policiers, civils, s’exprimant au travers de leurs syndicats et dont la durée hebdomadaire de travail encadrée peut amener à compensations en cas de dépassement.
A cette occasion nous avons rappelé l’affaire de l’escadron de Rennes, et sa dissolution brutalement annoncée et que rien ne laissait présager, alors que le même jour, la suppression de deux CRS était annulée par le ministère de l’Intérieur, suite à l’intervention des représentants syndicaux.

Sur l’évocation du problème que représenterait la différence de traitement de la concertation dans la gendarmerie par rapport aux autres armées, nous avons argué du fait que ces dernières ont bénéficié des mesures obtenues par les mouvements de protestation des gendarmes de 1989 et 2010. Il est aussi évident que l’appartenance au ministère de l’Intérieur est en soi une différence flagrante, par l’ambigüité de la double appartenance Intérieur et Défense.
En l’absence d’une réelle indépendance par rapport à la hiérarchie, la concertation ne sera jamais satisfaisante pour nombre de gendarmes et restera un leurre. La militarité n’est intéressante pour nos gouvernants et la hiérarchie que dans la mesure où elle permet de bénéficier de personnels particulièrement disponibles et soumis à l’obligation de réserve. En réalité, les gendarmes sont attachés à leur appartenance au métier des armes, mais pas à une disponibilité sans limite ; ils souhaitent également, et de façon prononcée, un droit d’expression réel.

Quant à savoir si les gendarmes considèrent les représentants de la concertation comme étant des personnels bénéficiant d’une certaine promotion, ce n’est pas, à notre sens, l’impression que nous en avons, cette fonction induisant une responsabilité qui n’apporte pas d’avantages particuliers.
Enfin, au sujet des membres de la participation, nos interlocuteurs s’interrogent par rapport au danger que représente un nombre plus important d’anciens et de gradés. C’est à notre avis une question de personnalité de ces membres élus, qui pourraient bénéficier d’une très bonne écoute auprès des plus jeunes et leur permettre de « faire passer » leurs sentiments ou leurs préoccupations. En outre, leur expérience ne peut être négligée.

Messieurs Le bris et Mourrut, leur collaboratrice et collaborateur ont montré un intérêt certain à la condition des gendarmes. Par les nombreuses questions qu’ils nous ont posées ils ont témoigné une véritable écoute à notre association et nous souhaitons avoir pu leur apporter une approche différente sur certains points qui ont été évoqués.

Je suis content de savoir que c'est toi qui a été choisi pour nous , Nardo.

Je suis sûr que tu sauras faire passer les messages qui vont bien à cette commission, en t’inspirant de ce qui se dit sur G&C.

Bon courage.

@ +

Un choix judicieux, bon courage à toi mais tu n'en manques pas ...

NARDO a écrit:

Gregthegrizzly a écrit:

Qui d'autre a été entendu par cette commission ?

Nos députés ont entendu pas mal de monde (PPM / CFMG / Officiers chargés de commandement, etc...) et avant de se faire une idée totale, voulaient l'avis d'un forumeur de G&C.

Peut-être ont-ils été étonnés d'entendre que tout allait bien ?
Peut-être ont-ils été surpris de lire le rapport sur le moral qui n'est pas si mauvais ?

Je ne sais pas pourquoi leur choix s'est fixé sur mon humble personne. Je serai entendu par cette commission le 15 juin dans la matinée. J'ai reçu la convoc, par mail, sur ma boite pro.

Je pense qu'au travers de mes écrits ici, ils s'attendent à ce que je leur dise en face ce qu'est réellement le dialogue social en Gendarmerie, notamment dans le cadre des mutations, des logements, du pouvoir réel des PPM, du chapeautage des CB en place depuis des années, des malades ou autre.............................

Je verrai bien.

Bonsoir
Je sors du boulot et j'ai eu envie de vous soutenir aussi. Un Truc me dérange quand même :
Est-ce que tout cela n'est pas que de la poudre aux yeux ?
Je suis pour la concertation, mais quand je vois tout ça, je ne peux m’empêcher de penser que c'est juste histoire de " calmer le jeu ".
Juste histoire de vous faire croire que vous pouvez vous exprimer et qu' "on" prendra en compte vos dires.
Après tout, vous avez encore cette obligation de réserve, non?
Je souhaite me tromper mais j'attends avec impatience votre CR.
En tout cas, si ça peut faire avancer les choses ...
Bon courage à vous

marco31 a écrit:

NARDO a écrit:

Gregthegrizzly a écrit:

Qui d'autre a été entendu par cette commission ?

Nos députés ont entendu pas mal de monde (PPM / CFMG / Officiers chargés de commandement, etc...) et avant de se faire une idée totale, voulaient l'avis d'un forumeur de G&C.

Peut-être ont-ils été étonnés d'entendre que tout allait bien ?
Peut-être ont-ils été surpris de lire le rapport sur le moral qui n'est pas si mauvais ?

Je ne sais pas pourquoi leur choix s'est fixé sur mon humble personne. Je serai entendu par cette commission le 15 juin dans la matinée. J'ai reçu la convoc, par mail, sur ma boite pro.

Je pense qu'au travers de mes écrits ici, ils s'attendent à ce que je leur dise en face ce qu'est réellement le dialogue social en Gendarmerie, notamment dans le cadre des mutations, des logements, du pouvoir réel des PPM, du chapeautage des CB en place depuis des années, des malades ou autre.............................

Je verrai bien.

Bonsoir
Je sors du boulot et j'ai eu envie de vous soutenir aussi. Un Truc me dérange quand même :
Est-ce que tout cela n'est pas que de la poudre aux yeux ?
Je suis pour la concertation, mais quand je vois tout ça, je ne peux m’empêcher de penser que c'est juste histoire de " calmer le jeu ".
Juste histoire de vous faire croire que vous pouvez vous exprimer et qu' "on" prendra en compte vos dires.
Après tout, vous avez encore cette obligation de réserve, non?
Je souhaite me tromper mais j'attends avec impatience votre CR.
En tout cas, si ça peut faire avancer les choses ...
Bon courage à vous

Je te rejoins marco31 dans ton post.

Maintenant, on peut toujours dire que c' est une avancée car c' est bien la première fois qu' une telle démarche est mise en place pour la Gendarmerie. Elle a le mérite d' exister