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« Une régression historique »
C’est sûrement l’affaire du commandant Mattely qui a fait le plus de dégâts. Sa tribune s’attaquait à la « révolution gestionnaire » et défendait la nouvelle image du gendarme, « loin de la caricature du gendarme militaire borné, chasseur de nudistes à Saint-Tropez… » Le commandant constatait par ailleurs que « ce modèle de proximité convient mal à une époque qui privilégie les rapports de force, la gestion statistique déréalisée et les démonstrations médiatiques… », avant de juger que ce rapprochement est une « régression historique ».
Le pouvoir a réagi et le commandant a été radié. Quelques jours plus tard, un adjudant, en poste dans une brigade du Cher, se fendait d’un poème sur internet pour défendre son collègue. Le rimailleur n’y allait pas de main morte. Sous le titre Il pleut sur mon képi, il attaquait violemment le président de la République. Après avoir écrit que « sainte Geneviève (patronne des gendarmes) saigne et pleure », il concluait après avoir cité Cambronne : « Nous briserons nos armes, mais nous taire, pas question ! »
La hiérarchie n’a pas apprécié cette muse taquine, et l’adjudant a été radié à son tour.
Sarkozy pastiché dans « La Chute »
Quelques jours plus tard, sur Internet, on pouvait voir un pastiche du film La Chute. L’œuvre originale raconte les derniers jours d’Hitler, enfermé dans son bunker. Il a été remplacé par Nicolas Sarkozy. Depuis, la vidéo a été supprimée.
Cette série noire n’a pas mis fin au malaise des militaires, qui se sentent mal écoutés. Le communiqué publié à l’issue du Conseil supérieur de la fonction militaire, le 6 avril dernier, en atteste. On peut y lire que « le conseil a noté une grande différence entre les propos très fermes tenus par l’administration et ceux du ministre, plus ouvert au dialogue avec les militaires ». Le CSFM s’inquiète ainsi « d’un manque de volonté de son administration de faire vivre la culture de la concertation ».
En 2008, alors ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie déclarait que « tous les Français sont attachés à cette institution » et défendait la nouvelle loi. La baisse des effectifs, la naissance de la police d’agglomération qui « relègue » la gendarmerie dans les campagnes et les problèmes de statut ont conduit les quelque 100 000 gendarmes à s’interroger sur leur avenir, voire la survie de cette arme.
http://www.lalsace.fr/fr/france-monde/article/3031113,218/Plusieurs-affaires-temoignent-du-malaise-des-gendarmes.html