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 L'ordre et la morale fait déjà polémique

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mieloup
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mieloup


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MessageSujet: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Sam 21 Aoû 2010 - 9:54

Rappel du premier message :

Info REUTERS

Le tournage du nouveau film de Mathieu Kassovitz fait polémique. En effet, l’acteur et réalisateur a choisi d’aborder le sujet délicat du drame de la grotte d'Ouvéa.
Intitulé L'ordre et la morale, le long métrage revient sur l'affaire d'Ouvéa. En 1988, des indépendantistes kanaks (populations autochtones de Nouvelle-Calédonie) ont attaqué un poste de gendarmerie. Le drame s'était terminé par un affrontement particulièrement violent et la mort de 21 personnes.

Mathieu Kassovitz comprend le fait que les Calédoniens lui aient demandé de ne pas faire le film chez eux : "Ils ont subi cette tragédie et c'est encore trop proche." Pour cette raison, le tournage se déroulera en partie en Polynésie française. Mais la solution n'est pas satisfaisante pour tout le monde. Le député UMP et président de l'Assemblée de la Province sud de Nouvelle-Calédonie, Pierre Frogier, ne cache pas sa contrariété dans un courrier adressé à Gaston Tong Sang, président de la Polynésie française. "C'est avec regret que j'apprends que la Polynésie française a accepté d'accueillir le tournage du film L'Ordre et la morale relatant les événements d'Ouvéa de 1988 et que votre gouvernement a décidé de subventionner cette production", explique-t-il dans une lettre ouverte dans Les Nouvelles de Tahiti. Il évoque le fait que la population, notamment celle d'Ouvéa, avait montré à plusieurs reprises des réticences à ce tournage dont l’histoire reste un grand traumatisme.

*Un lien utile pour retrouver le contexte de l'époque
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_d%27otages_d%27Ouv%C3%A9a
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Emma
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Emma


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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Dim 14 Nov 2010 - 19:28

volcan a écrit:
" ceux qui oublient sont condamner a le revivre"



"Ceux qui ne se souviennent pas du passé, sont condamnés à le revivre " Louis Malle
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http://valreascitoyenne.com/
mieloup
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mieloup


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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mar 16 Nov 2010 - 19:15

bonjour christian
le réalisateur lui même le reconnait, au départ il était parti dans un deal pro kanak, puis, au fur et à mesure de son projet il a commencé à changer d'attitude, surtout au contact de l'ex gendarme du GIGN qui a participé activement aux négociations afin d'éviter justement ce bain de sang.
Le scénario du film à la base, est simple, attaque de la brigade de fayaoué par un groupe constitué d'éléments fanatisés prêt à tuer pour leurs convictions et otages emmenés dans la fameuse grotte qui sera le point final de la tragédie.

Il faudra plutôt retenir ces passages trouvés dans un article de journal qui aborde la rencontre du réalisateur et de l'ex gendarme du GIGN

"Humainement, nous avons rapidement accroché. Puis nous avons eu un vif débat intellectuel sur sa perception de l'affaire. Il était rentré de Nouvelle-Calédonie avec une vision clairement pro-kanake. Je lui ai fait comprendre que tout n'était pas si simple...
On se voyait régulièrement chez moi, près de Nantes, se souvient Philippe Legorjus. Des journées entières à décortiquer les événements, scène par scène. Mathieu a rencontré toutes les parties prenantes du drame. Les Kanaks, mais aussi les militaires et les gendarmes . Pour arriver au final à « une vision plus équilibrée »...
La polémique ne sera pas pour autant absente du film. « L'armée de Terre n'aura pas le beau rôle, elle ne l'a pas eu sur le terrain en 1988 », lance Philippe Legorjus. L'état-major de l'Armée s'est refusé à accompagner le film, malgré les sollicitations du producteur...
Relations difficiles aussi avec l'autre « camp », qui se bat pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Mathieu Kassovitz a voulu tourner sur les lieux des événements. Mais l'hostilité de certains Kanaks ¯ dont le fils d'Alphonse Dianou, le chef du commando tué après l'assaut ¯ a obligé l'équipe à se rabattre sur la Polynésie.
D'un autre côté, près de 300 Néo-Calédoniens ont voulu jouer les figurants. Preuve qu'aujourd'hui, ils sont nombreux à être capables de réfléchir sur ce drame, avec moins de douleur.
C'est le cas de Maki Wéa, qui interprète le rôle de son frère Djubelly, impliqué dans les événements de 1988. « Chacun a sa vision politique. L'important, c'est que ce film fera avancer le pays sur le chemin de la réconciliation », expliquait-il récemment dans Les Nouvelles calédoniennes. Le producteur du film confirme, en laissant planer un mystère :
« Nous fabriquons un film politique, engagé, qui va dire quelque chose de profond. »
Philippe Legorjus fait le même pari : « J'ai fait la 'coutume' (offrir un cadeau en signe de paix) avec un chef mélanésien, investi dans le film. Il faut regarder en face les moments compliqués de notre histoire. On a encore du mal avec l'Algérie. Le film de Mathieu nous permettra peut-être d'avancer plus vite avec la Nouvelle-Calédonie. »
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Christian
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Christian


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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mar 16 Nov 2010 - 21:20

Merci Mieloup,
cela confirme ce que j'ai écrit. Ni plus, ni moins
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GENDSTAS
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mer 17 Nov 2010 - 3:17

Bonsoir Christian,
Je te rejoins totalement dans ton approche. Comme beaucoup j'ai suivi cette tragédie au jour le jour mais de loin.
En revanche, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de m'entretenir avec des témoins directs de cette affaire, G.D., G.M. et même un otage de la grotte.
L'attaque de la brigade, pardon pour l'expression, mais ce n'est que la goutte d'eau de trop. C'était le résultat d'un contexte local dégradé, de l'absence de clairvoyance et de la démagogie des politiques et des décideurs.
Comme toujours, les gendarmes, ultime rempart et symbole de l'autorité, ont payé un lourd tribut pour les autres.

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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mer 17 Nov 2010 - 7:04

Comme je l'ai dit plus haut, le titre du film est , à mon avis, partisan.
Quant à certaines paroles comme" l'armée de terre n'aura pas le beau rôle", elles créent, volontairement ou non, une ouverture pour une autre polémique.

Le rôle tenu par le commandement des Forces Armées en Nouvelle Calédonie est très différent de celui tenu par les hommes sur le terrain. Mais de qui parle l'ex-capitaine dans cette phrase aussi ambigu que le titre du film?

Finalement, je suis décidé à aller voir ce film dès sa sortie.
L'apparition des VBRG dans le scénario m'inquiète sur la véracité des faits rapportés.
Pour les camions type Marmon, si le réalisateur les utilise à la place des 4X4 RENAULT devenus introuvables,
cela n'a aucune importance, mais ces images des VBRG dans un film sur la tragédie me laissent sceptique...............
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mer 17 Nov 2010 - 11:25

GENDSTAS a écrit:
Bonsoir Christian,
Je te rejoins totalement dans ton approche. Comme beaucoup j'ai suivi cette tragédie au jour le jour mais de loin.
En revanche, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de m'entretenir avec des témoins directs de cette affaire, G.D., G.M. et même un otage de la grotte.
L'attaque de la brigade, pardon pour l'expression, mais ce n'est que la goutte d'eau de trop. C'était le résultat d'un contexte local dégradé, de l'absence de clairvoyance et de la démagogie des politiques et des décideurs.
Comme toujours, les gendarmes, ultime rempart et symbole de l'autorité, ont payé un lourd tribut pour les autres.


Il est bon de se souvenir qu'une "répétition générale" avait eu lieu quelques semaines auparavant, lorsque des indépendantistes avaient envahis le chantier de l’hôpital de Poindimié et s'étaient emparés des gendarmes mobiles qui gardaient le site pour les retenir en otages dans une tribu, proche de ce lieu.
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GENDSTAS
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Jeu 18 Nov 2010 - 2:12

Bonsoir,
Cette attaque s'est déroulée dans les mêmes conditions que le massacre des gendarmes de la brigade de LA FOA en 1878, sauf qu'à l'époque les autochtones étaient encore un peu cannibales.
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Jeu 18 Nov 2010 - 2:37

GENDSTAS a écrit:
Bonsoir,
Cette attaque s'est déroulée dans les mêmes conditions que le massacre des gendarmes de la brigade de LA FOA en 1878, sauf qu'à l'époque les autochtones étaient encore un peu cannibales.

Oui, avec à leur tête le 1er "héros" kanak, ATAÏ qui d'ailleurs la perdue "sa tête" suite à la répression effectuée par l'armée aidée par une bonne partie des bagnards issue de la Commune de Paris.
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Jeu 18 Nov 2010 - 4:21

Bonsoir,
La répression a surtout été menée par les colonnes militaires aidées par les kanaks des tribus ralliées. J'ai la copie des carnets d'un gendarme qui en 1900 a lui-même copié les procès-verbaux et rapport de l'époque. Ce n'est pas pour les âmes sensibles.
Après les massacres, la répression n'a pas fait non plus dans le sentimental. Les militaires bombardaient les campements dans la brousse et les kanaks terminaient le travail en ramenant les têtes.
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mer 29 Déc 2010 - 20:52

bonsoir
une mise au point apportée par un ancien responsable des forces de gendarmerie engagées pendant les évènements d'Ouvéa qui émet de sérieuses réserves sur l'impartialité du film, démentant que le réalisateur ait contacté tous les protagonistes du drame...
Article disponible sur le dernier ESSOR (Janvier 2011) en rubrique poste restante
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Sam 26 Mar 2011 - 13:40

le dernier lien mis en ligne sur la page FB du film
http://www.rue89.com/2008/05/09/laffaire-de-la-grotte-douvea-vraiment-du-passe

ce qui m'interpelle c'est ce passage
"...Face à ces gens armés et menaçants, un officier qui vient tout juste d'arriver, sort son pistolet… le drame commence.
Des coups de feu claquent : quatre gendarmes tombent. Affolé, le commando des Mélanésiens prend peur et s'enfuit en deux groupes, avec le reste des gendarmes comme otages..."

Saviez vous que cet officier porte le poids de toute cette tragédie ?
rendez vous compte, il a tiré le premier...
je suis conscient que les gendarmes et les mélanésiens ont été les victimes de la raison d'état mais je ne supporte pas qu'on minimise l'assassinat de nos 4 camarades et surtout, qu'on continue à se taire sans rien dire...

"le 22 avril 1989, Laurent Fabius, président de l'Assemblée nationale, refuse de laisser observer une minute de silence à la mémoire des quatre gendarmes assassinés à la hache et au fusil de chasse, par des émeutiers Canaques, lors du drame de Fayaoué"
http://fr.wikipedia.org/wiki/Avril_1989
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Sam 26 Mar 2011 - 13:45

Pas d'inquiétude Mieloup, les "vétérans" veillent.... Wink
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MessageSujet: Révolte canaque de 1878   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Jeu 7 Avr 2011 - 3:31

Rapport du lieutenant Joseph Schenck commandant la compagnie de gendarmerie de Boulouparis.
Document recopié en 1900 par le gendarme Alexandre Crette
« 16 juillet 1878
Rapport à Mr le Gouverneur de la Nlle Calédonie sur les évènements et les crimes qui ont eu lieu à Boulouparis le 26 juin et jours suivants

J’ai l’honneur de vous rendre compte des évènements et des crimes qui ont eu lieu depuis le 26 juin dernier et qui sont à ma connaissance.
Pour arriver à un enchaînement complet des faits je crois devoir remonter à la date du 18 juin.
Avec la permission de mon commandant, je m’étais rendu le 14 juin à Nouméa pour m’y reposer et m’y rétablir, étant encore fatigué des grandes chaleurs pendant lesquelles j’avais eu une insolation et étant affecté d’un rhume dont je n’ai pu encore me défaire.
Une raison plus sérieuse pour moi me fit entreprendre le voyage de Nouméa, bien qu’étant indisposé ; c’était pour voir le Gouverneur au sujet d’un différend existant depuis 1875 entre les canaques de St Vincent (chef Pierre Chérika) et un colon nommé Schiélé qui avait à force de ruse et de patience réussi à faire expulser les canaques de leur village en achetant à l’Administration qui n’avait plus le droit d’en disposer, leur terrain et en obtenant du Conseil Privé une décision qui les expulsaient à la date du 31 septembre 1878.
La gendarmerie avait été chargée de leur signifier cette décision et les canaques avaient vivement protesté.
Je réussis à faire voir à M. le Gouverneur qu’on ne l’avait pas suffisamment renseigné au sujet de cette affaire qui pouvait avoir de graves conséquences et il promit de s’en occuper et de chercher un moyen pour ne pas déplacer les canaques.
Chérika vint à Nouméa le 22 juin, le 23 je lui fis part de l’instruction du Gouverneur et je lui promis qu’il ne partirait pas de ses cultures et de ses villages et l’ai engagé à retourner chez lui.
La tribu ne prît point part aux massacres.
Je devais revenir le 26. La soirée qui devait avoir lieu au Gouvernement ce jour à et à laquelle je désirais assister me fit reculer au lendemain 27 mon départ de Nouméa. Ce retard fût mon salut ainsi que celui de 60 personnes qui ont été sauvées par mon arrivée avec la troupe.
Dans la soirée du 18 juin, le libéré Chêne, Gérard de la station Dézarnaulds à la Ouaménie, à 22 km de Boulouparis, une femme indigène nommée Médou qui vivait avec lui et un petit garçon âgé de 3 ans, fils de cette femme, fûrent assassinés par des canaques inconnus.
Les renseignements que prirent les brigades de gendarmerie de Boulouparis et de La Foa démontrèrent d’une manière évidente qu ce triple assassinat avait été commis au su et du consentement pour le moins tacite du chef indigène Poisi du village de Miaret d’où était la femme canaque assassinée et où se trouvaient également les deux frères de cette femme, les nommés Kaïkaï Kasistoumien, qui avaient bien pu ne pas être étrangers à cet assassinat.
Le brigadier Guthegesselle de Boulouparis fît venir ce Poinsy, il interrogea également les autres chefs canaques des différents villages de Boulouparis : tous opposèrent à ses questions un silence obstiné. Le silence démontra leur complicité et ils furent arrêtés provisoirement jusqu’à ce que les auteurs fussent connus.
Voici les noms des chefs arrêtés : …. »
Suit l’explication de l’assassinat de Chêne qui avait enlevé une femme canaque sans le consentement de la tribu puis une parente de celle-ci dont le mari (Diodio) devait être l’assassin avec deux complices.
« ….. En même temps qu’il avait envoyé chercher Diodio, le brigadier Guthegeselle avait envoyé au brigadier de La Foa un pli par lequel il l’instruisait des déclarations du chef Poinsi et le priait de prendre des renseignements au sujet des canaques de Dogny qui auraient pu participer au triple assassinat d’Ouaménie.
J’ai appris dpuis que le 23 juin en revenant de correspondance avec Canala, la brigade de La Foa avait arrêté le chef Dogny convaincu de complicité et l’avait enfermé au blockhauss pour être transféré le mardi 25 à Bouloupari et de là à Nouméa pour être mis à la disposition de M. le Procureur de la République.
Deux gendarmes, les nommés Séjourné et Peyrard partis de Bouloupari le 25 au matin, jour habituel de la correspondance avec la brigade de La Foa ; au point indiqué ne trouvèrent point leurs camarades de correspondance.
Ayant un prisonnier à prendre dans une habitation à leur retour, le gendarme Peyrard revint à Bouloupari et ramena ledit prisonnier et le gendarme Séjourné alla jusqu’à La Foa.
Il passa à côté du village de Naïna ou M. le Colonel Cnt Mre a trouvé la mort et vit comme d’habitude, les canaques s’enfuir à son approche. Cependant les canaques de ce village s’étaient joints le matin à ceux des environs peut-être y avait-il aussi ceux de Dogny ? pour massacrer les gendarmes de La Foa. Le gendarme Séjourné apprit à q.q . centaines de mètres plus loin, au camp des concessionnaires qui se trouve à 500 mètres en avant de la brigade de gendarmerie, la nouvelle du massacre.
Il trouva en cet endroit la petite troupe de M. le S. lieut. Lavaillant de Vaumartin et se joignit à elle.
Le chef canaque Tuatte de Dogny avait naturellement été délivré après le massacre. C’est tout ce que je sais des évènements de La Foa.
Quelle est la tribu qui a pris l’initiative ? Quel est le véritable motif de cet horrible massacre ? Deux questions auxquelles il serait téméraire de répondre avant une enquête sur toutes les mesures qui ont été prises à l’égard des canaques pendant les dernières années.
J’aurai l’honneur de parler plus loin de certains symptômes de profond mécontentement que nous avons observés parmi les canaques et dont le brigadier de La Foa m’a plusieurs fois entretenus. Mais depuis mon arrivée en Calédonie j’ai eu bien souvent lieu de m’apercevoir qu’il suffisait que la gendarmerie signalât qui que ce fût pour que l’administration n’en tint compte, si elle ne lui imposait silence.
La nouvelle de l’assassinat des gendarmes de La Foa arriva à Nouméa mardi 29 juin dans la matinée. Je partis avec M. le Colonel Ct Mre à bord de la «Seudre » le même jour malheureusement nous ne pûmes partir qu’à deux heures de l’après-midi….. »
« …. Voyant que tout était tranquille aux environs, M. le Colonel rejoignit la « Seudre » en riant et en plaisantant, il ne croyait pas plus que moi à une insurrection ou à une conspiration aussi vaste de la part des canaques…. »
« ….. je me suis mis en route, autant pour arriver le plus tôt possible à Boulouparis et y prendre les mesures que comportait la situation. Cependant il ne pouvait me venir à l’esprit que les canaques de Boulouparis, au milieu dequels je vivais depuis 3 ans ½ et qui s’étaient toujours montrés dociles et même serviles à notre égard, car ils voyaient bien que nous étions seuls à défendre leurs intérêts, il ne pouvait me venir à l’esprit, dis-je, que ces mêmes canaques se joindraient aux massacres de gendarmes de La Foa pour nous faire le même sort. D’un autre côté, je ne pensais pas que les assassins de La Foa auraient déjà pu franchir une si grande distance pour attaquer Boulouparis et pour monter les canaques de cette localité.
Hélas, je devais apprendre bientôt qu’une vaste conspiration de toutes les tribus, à partir d’Uraï jusqu’à la Ouenghi avait été ourdie. L’âme de cette conspiration doit être Attaï, chef des tribus de la Fouwhary qui avait été dépossédé d’une partie de son terrain et qui s’était toujours montré récalcitrant quand l’administration avait besoin de ses canaques. Ce chef était réputé hostile, parmi les canaques même.
Le but de ce complot était l’extermination complète des blancs. Les évènements l’ont prouvé depuis : en un mot tout semble avoir été concerté entre toutes ces tribus pour agir au premier prétexte ; l’heure même de leurs attaques semble avoir été choisie avec soin dans les deux périmètres de Boulouparis et d’Uaraï.
Ils commencent naturellement par ceux qui ont dû être constamment les instruments de l’autorité pour faire exécuter ses décisions à leur égard et qui les gênent le plus. C’était cependant auprès d’eux qu’ils avaient toujours trouvé de la protection chaque fois que leurs intérêts avaient été menacées….. »
« ….Mais je dois reprendre mon récit à mon départ de la Ouaménie.
Je partis de cet établissement à onze heures moins ¼ environ, à 11 h ¼, après avoir dépassé la case habitée par M. Koch, conducteur des Ponts et Chaussées, j’arrivai à l’endroit où la route fait un coude à angle droit à 100 m environ de la maison Koch ; de ce point, on voit à 800 m devant soi le plateau de la gendarmerie dont on aperçoit les bâtiments. Arrivé à ce coude, (j’étais au trot) je vis un canaque noirci avec de la suie, ayant des plumes dans les cheveux (tenue des canaques guerriers lors de leurs fêtes) ce canaque avait dans une main une poignée de sagaïes et un casse-tête dans l’autre ; il se trouvait au nord et à 15 mètres de la route, se dirigeait parallèlement à cette route et était suivi d’autres canaques qui marchaient. Dans la même direction (du côté de la maison Koch à Henduson la 1ère à 1km et la 2è à 1800 m environ de la gendarmerie au bord de la route de Bouraké) ces canaques formaient ainsi une file se prolongeant jusqu’à la gendarmerie.
A ma vue, le 1er canaque s’arrêta et se tourna du côté de ceux qui le suivaient, il m’était inconnu ainsi que les autres.
Je ne vis d’abord que le 2 ou 3 premiers et continuai mon chemin sans ralentir mon allure, mais en voyant enfin cette longue file de canaques qui se prolongeait jusqu’à la gendarmerie, rebrousser chemin en courant et en faisant des signaux du côté du plateau, j’en interpellai un qui était un peu plus près de la route, en courant sur lui, il recula ainsi que ses voisins mais en ne me perdant pas de vue et en me montrant une figure impassible. Alors j’eus un pressentiment terrible… je mis mon cheval au galop et en un instant je fus à la porte de la barrière de notre paddock, j’ouvris cette porte qui se referma sur moi en en deux bonds mon cheval fut sur le plateau.
Il régnait un silence horrible.
Les canaques avaient disparu.
E t je vis, étendus devant leur case, la face contre terre et baignant dans leur sang, deux de mes pauvres gendarmes, un 3è cadavre, celui du condamné leur cuisinier était étendu face contre terre à la porte du kiosque servant de salle à manger. Les portes de mon logement étaient ouvertes mais le silence y régnait. Il me fallut q.q. secondes à peine pour percevoir ce spectacle navrant. A peine avais-je fait une dizaine de pas dans la cour qu’un cri sauvage et terrible, répété par je ne sais combien de canaques retentit de tous les côtés à la fois, je fus entouré presque aussitôt par une troupe considérable de ces montres ; il en sortit de tous les côtés, des chambres des gendarmes, de mon propre logement et une grande partie vint du côté du télégraphe. Ils couraient sur moi en brandissant leurs haches et leurs casse-tête. Mon cheval effrayé fit des écarts et des bonds furieux. Les canaques hésitèrent un instant devant ce cheval, quant à moi, je ne sais pas comment je n’ai pas été désarçonné. Voyant que les canaques m’avaient coupé la retraite du côté de Bouraké ma résolution fut prise en un instant, je fis franchir à ma monture le cercle des canaques, je ne sais combien il en renversa et en q.q. bonds il fût au bas du plateau à la porte de la barrière qu’il franchit, longeant la file de canaques que j’avais dépassés en venant et qui, tous à partir du plateau, me lancèrent des sagaïes ; aucune ne me toucha, heureusement. En franchissant la barrière, je fus désarçonné et près de tomber, quand par un bonheur inoui, je pus me rattraper à l’encolure de mon cheval et me remettre en équilibre pendant la course. Ma monture était affolée et malgré tous mes efforts je ne pus m’en rendre maître que lorsque le souffle lui manqua, à plus de 3 kilomètres de la brigade.
En passant devant l’habitation Koch, je criai à M. Koch de fuir à l’instant, les canaques venant d’assassiner mes gendarmes….. »
« …. Ici, M. le Gouverneur s’arrêtent mes renseignements.
Cependant ils ne suffiraient pas pour faire connaître les causes réelles de ces horribles massacres, si l’on n’allait pas au fonds des choses et si l’on ne scrutait minutieusement les actes de l’administration concernant les canaques depuis les 3 ou 4 dernières années.
Pour celui qui ne connait pas les vexations dont les canaques ont été l’objet depuis plusieurs années et la légèreté avec laquelle l’administration prenait des mesures si radicales alors qu’elle avait si peu de force pour appuyer des décisions, croira, en lisant le commencement de mon rapport que les dernières arrestations, celles de chefs canaques sont l’unique cause de l’insurrection. Cependant, comment expliquer le massacre de tant de créatures innocentes, les femmes… les enfants…
Le massacre de leurs propres congénères, les popinées et leurs enfants qui avaient eu des relations avec les blancs et surtout le massacre impitoyable des condamnés qu’ils savaient hostiles aux honnêtes gens. Comment expliquer aussi la part prise par Attaï qui n’avait pas été inquiété par la gendarmerie.
Non, l’arrestation des chefs canaques complices qui a été une mesure légale, était un prétexte sans doute prévu par les canaques, on pourrait peut être dire un prétexte cherché.
Les causes réelles sont les suivantes à mon avis :
1° L’expulsion des canaques lors de la délimitation de certains de leurs villages où ils étaient nés et où ils avaient été élevés. Les terrains qu’on leur enlevait étaient donnés aux condamnés concessionnaires à La Foa.
(auteurs, M. M. Charrière et Lecart)
2° Réquisitions abusives pour les routes, l’établissement des lignes télégraphiques, les réparations des bâtiments de l’Adon dans la brousse et pour lesquels travaux on ne les payait pas régulièrement. Combien de réclamations n’ai-je pas transmises à ce sujet : on pourra les trouver dans les archives des bureaux.
3° L’exploitation déloyale par les colons qui leur faisaient faire des travaux pénibles contre des rétributions dérisoires. D’une autre côté les débitants et les marchands, particulièrement ceux de l’intérieur leur vendaient à des prix exorbitants.
4° - Grande sècheresse pendant laquelle le bétail des propriétaires voisins ravageaient souvent leurs cultures. (Les procès-verbaux de la gendarmerie à ce sujet sont restés souvent sans suite par suite, les canaques réduits à la famine.
Enfin, crainte continuelle d’être dépossédés des terrains qui leur restaient par suite de l’augmentation de la population blanche et par suite de celle du bétail.
Je ne finirais pas si je devais entrer dans tous les détails. Je termine avec l’espoir que tout le sang répandu servira de leçon pour l’avenir, afin que de braves et chers camarades, comme ceux que nous pleurons et qui étaient l’élite des nôtres, qui ont dû être les instruments dociles et passifs de l’administration qui agissait souvent sans se renseigner suffisamment, ne tombent plus victimes des fautes de cette administration…. »
« … J’ai l’honneur de joindre au présent rapport les procès-verbaux constatant la découverte des cadavres des victimes. Je crains qu’il n’y en ait encore…. »
Extraits :
« Procès-verbal constatant l’assassinat de 30 personnes et l’incendie de 5 maisons servant d’habitation avec vols, viols et mutilations crimes commis par les canaques dans la journée du 26 juin 1878 et les jours suivants : ….. »
« Nous nous sommes transportés à la gendarmerie de Boulouparis où nous avons trouvé incendiés, le bâtiment qui servait de logement aux gendarmes, l’écurie dans laquelle nous avons remarqués 4 cadavres de chevaux carbonisés et la cuisine des gendarmes.
Monsieur le capitaine de gendarmerie Gustin étant venu la veille à Boulouparis avec une troupe de cavaliers volontaires avait fait enterrer provisoirement les cadavres des trois gendarmes.
Afin de permettre à la justice de se rendre un compte exact des lieux, et de suivre notre récit, nous joignons au présent P.V. un croquis approximatif sur lequel nous pointons les emplacements où ont été trouvées les victimes. Pour constater l’identité des gendarmes et leurs blessures, nous les avons fait déterrer et laver leurs figures. Leurs cadavres que nous, lieut. de gendarmerie avions vus immédiatement après les assassinats étaient couchés dans les positions décrites ci-après et portaient les blessures suivantes :
N°1- Guthegesselle, Georges, Léopold, né le 21 avril 1847 à Jussy (Hte Saône) Nota : soit il s’agit de Jussey Haute-Saône soit de Jussy Haute-Savoie – brigadier à Boulouparis assassiné le 26 juin 1878 par les canaques à 10 h 20 du matin. Son cadavre a été trouvé couché sur la face à deux mètres environ de l’emplacement qu’occupait la case des gendarmes incendiée et portait les blessures suivantes : un coup de casse tête sur le front, un coup de hache au pariétal gauche, deux coups de hache à l’occipital et un coup de hache au niveau du biceps d. le petit doigt de la main droite enlevé ainsi que l’annulaire et les autres doigts lacérés, le premier doigt de la main gauche enlevé.
N°2- Rolland, Marius, Elisée, né le 10 avril 1848 à Ruffieu (Ain) gendarme à Boulouparis, assassiné le 26 juin à 10 h 20 du matin par des canaques. Son cadavre trouvé couché sur la face à trois mètres environ de l’emplacement de la caserne incendiée, porte les blessures suivantes : coup de casse-tête sur la bouche, coup de hache à la réunion du frontal gauche et du pariétal droit, coup de casse-tête au frontal gauche, enfin coup de casse-tête avec enfoncement du temporal gauche.
N°3 – Peyrard, Joseph, Henri, né le 9 août 1848 à Lacombe de Lancy (Isère) assassiné le 26 juin 1878 à 10 h 20 du matin par des canaques. Son cadavre trouvé à 80 mètres environ de la salle à manger fait supposer qu’après une lutte énergique, il a pu un instant échapper aux assassins pendant que ceux-ci s’acharnaient sur ses deux camarades mais qu’ils l’ont rattrapé et accablé. Son cadavre portait les blessures suivantes : deux coups de hache au temporal droit, la partie postérieure de la tête complètement broyée à coups de hache et de casse-tête.
N°4 – Fontaine, déporté engagé au service des gendarmes, tué au moment où il accourait aux cris des gendarmes…. »
Suivent les procès-verbaux constatant l’assassinat de 40 personnes y compris femmes et enfants. Une partie de la viande est emportée…

Le colonel Gally-Passebosc est tué de deux balles lors de la recherche des assassins.

De nombreux villages seront brulés et de nombreux canaques tués lors de la recherche des insurgés par les militaires accompagnés de plusieurs centaines de canaques des tribus alliées. Des colons sont encore assassinés et des cadavres découverts dans divers endroits. Les tuniques et les armes des gendarmes sont découvertes au cours de plusieurs opérations.
Les canaques participant aux colonnes de répression ramènent les têtes coupées
Le 16 septembre, trois bateaux de ravitaillement sont pillés, les onze membres d’équipage sont tués et mangés et sont retrouvés sur les lieux « 6 paniers remplis de chair humaine fraîchement cuite et désossée ».
Les attaques des canaques se poursuivent pendant plusieurs mois ainsi que les opérations militaires.
En janvier et février, les rescapés de tribus insurgées commencent à se soumettre.
La révolte durera plus d’un an.
Le Livre d’Or de la gendarmerie mentionne pour l’année 1878 les massacres du brigadier Simonot et des gendarmes Berthelon, Kerjoant et Schmitt de la brigade de La Foa le 25 juin ; du brigadier Guthegéselle et des gendarmes Peyrard et Rolland le 26 juin à Bouloupari.
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mieloup
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mar 19 Avr 2011 - 17:18

bonjour
très instructif ce rapport GENDSTAS
il nous montre que le contentieux entre gendarmes et canaques ne date vraiment pas d'hier...

j'en profite pour joindre ce lien
http://www.cinechronicle.com/2011/04/l%E2%80%99ordre-et-la-morale-un-film-cle-sur-un-evenement-dramatique-contemporain/

article intéressant pour ceux et celles qui n'oublient pas...
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mer 20 Avr 2011 - 8:29

édifiant ce rapport,
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Jeu 21 Avr 2011 - 13:16

GENDSTAS a écrit:
Rapport du lieutenant Joseph Schenck commandant la compagnie de gendarmerie de Boulouparis.
Document recopié en 1900 par le gendarme Alexandre Crette
« 16 juillet 1878
Rapport à Mr le Gouverneur de la Nlle Calédonie sur les évènements et les crimes qui ont eu lieu à Boulouparis le 26 juin et jours suivants

J’ai l’honneur de vous rendre compte des évènements et des crimes qui ont eu lieu depuis le 26 juin dernier et qui sont à ma connaissance.
Pour arriver à un enchaînement complet des faits je crois devoir remonter à la date du 18 juin.
Avec la permission de mon commandant, je m’étais rendu le 14 juin à Nouméa pour m’y reposer et m’y rétablir, étant encore fatigué des grandes chaleurs pendant lesquelles j’avais eu une insolation et étant affecté d’un rhume dont je n’ai pu encore me défaire.
Une raison plus sérieuse pour moi me fit entreprendre le voyage de Nouméa, bien qu’étant indisposé ; c’était pour voir le Gouverneur au sujet d’un différend existant depuis 1875 entre les canaques de St Vincent (chef Pierre Chérika) et un colon nommé Schiélé qui avait à force de ruse et de patience réussi à faire expulser les canaques de leur village en achetant à l’Administration qui n’avait plus le droit d’en disposer, leur terrain et en obtenant du Conseil Privé une décision qui les expulsaient à la date du 31 septembre 1878.
La gendarmerie avait été chargée de leur signifier cette décision et les canaques avaient vivement protesté.
Je réussis à faire voir à M. le Gouverneur qu’on ne l’avait pas suffisamment renseigné au sujet de cette affaire qui pouvait avoir de graves conséquences et il promit de s’en occuper et de chercher un moyen pour ne pas déplacer les canaques.
Chérika vint à Nouméa le 22 juin, le 23 je lui fis part de l’instruction du Gouverneur et je lui promis qu’il ne partirait pas de ses cultures et de ses villages et l’ai engagé à retourner chez lui.
La tribu ne prît point part aux massacres.
Je devais revenir le 26. La soirée qui devait avoir lieu au Gouvernement ce jour à et à laquelle je désirais assister me fit reculer au lendemain 27 mon départ de Nouméa. Ce retard fût mon salut ainsi que celui de 60 personnes qui ont été sauvées par mon arrivée avec la troupe.
Dans la soirée du 18 juin, le libéré Chêne, Gérard de la station Dézarnaulds à la Ouaménie, à 22 km de Boulouparis, une femme indigène nommée Médou qui vivait avec lui et un petit garçon âgé de 3 ans, fils de cette femme, fûrent assassinés par des canaques inconnus.
Les renseignements que prirent les brigades de gendarmerie de Boulouparis et de La Foa démontrèrent d’une manière évidente qu ce triple assassinat avait été commis au su et du consentement pour le moins tacite du chef indigène Poisi du village de Miaret d’où était la femme canaque assassinée et où se trouvaient également les deux frères de cette femme, les nommés Kaïkaï Kasistoumien, qui avaient bien pu ne pas être étrangers à cet assassinat.
Le brigadier Guthegesselle de Boulouparis fît venir ce Poinsy, il interrogea également les autres chefs canaques des différents villages de Boulouparis : tous opposèrent à ses questions un silence obstiné. Le silence démontra leur complicité et ils furent arrêtés provisoirement jusqu’à ce que les auteurs fussent connus.
Voici les noms des chefs arrêtés : …. »
Suit l’explication de l’assassinat de Chêne qui avait enlevé une femme canaque sans le consentement de la tribu puis une parente de celle-ci dont le mari (Diodio) devait être l’assassin avec deux complices.
« ….. En même temps qu’il avait envoyé chercher Diodio, le brigadier Guthegeselle avait envoyé au brigadier de La Foa un pli par lequel il l’instruisait des déclarations du chef Poinsi et le priait de prendre des renseignements au sujet des canaques de Dogny qui auraient pu participer au triple assassinat d’Ouaménie.
J’ai appris dpuis que le 23 juin en revenant de correspondance avec Canala, la brigade de La Foa avait arrêté le chef Dogny convaincu de complicité et l’avait enfermé au blockhauss pour être transféré le mardi 25 à Bouloupari et de là à Nouméa pour être mis à la disposition de M. le Procureur de la République.
Deux gendarmes, les nommés Séjourné et Peyrard partis de Bouloupari le 25 au matin, jour habituel de la correspondance avec la brigade de La Foa ; au point indiqué ne trouvèrent point leurs camarades de correspondance.
Ayant un prisonnier à prendre dans une habitation à leur retour, le gendarme Peyrard revint à Bouloupari et ramena ledit prisonnier et le gendarme Séjourné alla jusqu’à La Foa.
Il passa à côté du village de Naïna ou M. le Colonel Cnt Mre a trouvé la mort et vit comme d’habitude, les canaques s’enfuir à son approche. Cependant les canaques de ce village s’étaient joints le matin à ceux des environs peut-être y avait-il aussi ceux de Dogny ? pour massacrer les gendarmes de La Foa. Le gendarme Séjourné apprit à q.q . centaines de mètres plus loin, au camp des concessionnaires qui se trouve à 500 mètres en avant de la brigade de gendarmerie, la nouvelle du massacre.
Il trouva en cet endroit la petite troupe de M. le S. lieut. Lavaillant de Vaumartin et se joignit à elle.
Le chef canaque Tuatte de Dogny avait naturellement été délivré après le massacre. C’est tout ce que je sais des évènements de La Foa.
Quelle est la tribu qui a pris l’initiative ? Quel est le véritable motif de cet horrible massacre ? Deux questions auxquelles il serait téméraire de répondre avant une enquête sur toutes les mesures qui ont été prises à l’égard des canaques pendant les dernières années.
J’aurai l’honneur de parler plus loin de certains symptômes de profond mécontentement que nous avons observés parmi les canaques et dont le brigadier de La Foa m’a plusieurs fois entretenus. Mais depuis mon arrivée en Calédonie j’ai eu bien souvent lieu de m’apercevoir qu’il suffisait que la gendarmerie signalât qui que ce fût pour que l’administration n’en tint compte, si elle ne lui imposait silence.
La nouvelle de l’assassinat des gendarmes de La Foa arriva à Nouméa mardi 29 juin dans la matinée. Je partis avec M. le Colonel Ct Mre à bord de la «Seudre » le même jour malheureusement nous ne pûmes partir qu’à deux heures de l’après-midi….. »
« …. Voyant que tout était tranquille aux environs, M. le Colonel rejoignit la « Seudre » en riant et en plaisantant, il ne croyait pas plus que moi à une insurrection ou à une conspiration aussi vaste de la part des canaques…. »
« ….. je me suis mis en route, autant pour arriver le plus tôt possible à Boulouparis et y prendre les mesures que comportait la situation. Cependant il ne pouvait me venir à l’esprit que les canaques de Boulouparis, au milieu dequels je vivais depuis 3 ans ½ et qui s’étaient toujours montrés dociles et même serviles à notre égard, car ils voyaient bien que nous étions seuls à défendre leurs intérêts, il ne pouvait me venir à l’esprit, dis-je, que ces mêmes canaques se joindraient aux massacres de gendarmes de La Foa pour nous faire le même sort. D’un autre côté, je ne pensais pas que les assassins de La Foa auraient déjà pu franchir une si grande distance pour attaquer Boulouparis et pour monter les canaques de cette localité.
Hélas, je devais apprendre bientôt qu’une vaste conspiration de toutes les tribus, à partir d’Uraï jusqu’à la Ouenghi avait été ourdie. L’âme de cette conspiration doit être Attaï, chef des tribus de la Fouwhary qui avait été dépossédé d’une partie de son terrain et qui s’était toujours montré récalcitrant quand l’administration avait besoin de ses canaques. Ce chef était réputé hostile, parmi les canaques même.
Le but de ce complot était l’extermination complète des blancs. Les évènements l’ont prouvé depuis : en un mot tout semble avoir été concerté entre toutes ces tribus pour agir au premier prétexte ; l’heure même de leurs attaques semble avoir été choisie avec soin dans les deux périmètres de Boulouparis et d’Uaraï.
Ils commencent naturellement par ceux qui ont dû être constamment les instruments de l’autorité pour faire exécuter ses décisions à leur égard et qui les gênent le plus. C’était cependant auprès d’eux qu’ils avaient toujours trouvé de la protection chaque fois que leurs intérêts avaient été menacées….. »
« ….Mais je dois reprendre mon récit à mon départ de la Ouaménie.
Je partis de cet établissement à onze heures moins ¼ environ, à 11 h ¼, après avoir dépassé la case habitée par M. Koch, conducteur des Ponts et Chaussées, j’arrivai à l’endroit où la route fait un coude à angle droit à 100 m environ de la maison Koch ; de ce point, on voit à 800 m devant soi le plateau de la gendarmerie dont on aperçoit les bâtiments. Arrivé à ce coude, (j’étais au trot) je vis un canaque noirci avec de la suie, ayant des plumes dans les cheveux (tenue des canaques guerriers lors de leurs fêtes) ce canaque avait dans une main une poignée de sagaïes et un casse-tête dans l’autre ; il se trouvait au nord et à 15 mètres de la route, se dirigeait parallèlement à cette route et était suivi d’autres canaques qui marchaient. Dans la même direction (du côté de la maison Koch à Henduson la 1ère à 1km et la 2è à 1800 m environ de la gendarmerie au bord de la route de Bouraké) ces canaques formaient ainsi une file se prolongeant jusqu’à la gendarmerie.
A ma vue, le 1er canaque s’arrêta et se tourna du côté de ceux qui le suivaient, il m’était inconnu ainsi que les autres.
Je ne vis d’abord que le 2 ou 3 premiers et continuai mon chemin sans ralentir mon allure, mais en voyant enfin cette longue file de canaques qui se prolongeait jusqu’à la gendarmerie, rebrousser chemin en courant et en faisant des signaux du côté du plateau, j’en interpellai un qui était un peu plus près de la route, en courant sur lui, il recula ainsi que ses voisins mais en ne me perdant pas de vue et en me montrant une figure impassible. Alors j’eus un pressentiment terrible… je mis mon cheval au galop et en un instant je fus à la porte de la barrière de notre paddock, j’ouvris cette porte qui se referma sur moi en en deux bonds mon cheval fut sur le plateau.
Il régnait un silence horrible.
Les canaques avaient disparu.
E t je vis, étendus devant leur case, la face contre terre et baignant dans leur sang, deux de mes pauvres gendarmes, un 3è cadavre, celui du condamné leur cuisinier était étendu face contre terre à la porte du kiosque servant de salle à manger. Les portes de mon logement étaient ouvertes mais le silence y régnait. Il me fallut q.q. secondes à peine pour percevoir ce spectacle navrant. A peine avais-je fait une dizaine de pas dans la cour qu’un cri sauvage et terrible, répété par je ne sais combien de canaques retentit de tous les côtés à la fois, je fus entouré presque aussitôt par une troupe considérable de ces montres ; il en sortit de tous les côtés, des chambres des gendarmes, de mon propre logement et une grande partie vint du côté du télégraphe. Ils couraient sur moi en brandissant leurs haches et leurs casse-tête. Mon cheval effrayé fit des écarts et des bonds furieux. Les canaques hésitèrent un instant devant ce cheval, quant à moi, je ne sais pas comment je n’ai pas été désarçonné. Voyant que les canaques m’avaient coupé la retraite du côté de Bouraké ma résolution fut prise en un instant, je fis franchir à ma monture le cercle des canaques, je ne sais combien il en renversa et en q.q. bonds il fût au bas du plateau à la porte de la barrière qu’il franchit, longeant la file de canaques que j’avais dépassés en venant et qui, tous à partir du plateau, me lancèrent des sagaïes ; aucune ne me toucha, heureusement. En franchissant la barrière, je fus désarçonné et près de tomber, quand par un bonheur inoui, je pus me rattraper à l’encolure de mon cheval et me remettre en équilibre pendant la course. Ma monture était affolée et malgré tous mes efforts je ne pus m’en rendre maître que lorsque le souffle lui manqua, à plus de 3 kilomètres de la brigade.
En passant devant l’habitation Koch, je criai à M. Koch de fuir à l’instant, les canaques venant d’assassiner mes gendarmes….. »
« …. Ici, M. le Gouverneur s’arrêtent mes renseignements.
Cependant ils ne suffiraient pas pour faire connaître les causes réelles de ces horribles massacres, si l’on n’allait pas au fonds des choses et si l’on ne scrutait minutieusement les actes de l’administration concernant les canaques depuis les 3 ou 4 dernières années.
Pour celui qui ne connait pas les vexations dont les canaques ont été l’objet depuis plusieurs années et la légèreté avec laquelle l’administration prenait des mesures si radicales alors qu’elle avait si peu de force pour appuyer des décisions, croira, en lisant le commencement de mon rapport que les dernières arrestations, celles de chefs canaques sont l’unique cause de l’insurrection. Cependant, comment expliquer le massacre de tant de créatures innocentes, les femmes… les enfants…
Le massacre de leurs propres congénères, les popinées et leurs enfants qui avaient eu des relations avec les blancs et surtout le massacre impitoyable des condamnés qu’ils savaient hostiles aux honnêtes gens. Comment expliquer aussi la part prise par Attaï qui n’avait pas été inquiété par la gendarmerie.
Non, l’arrestation des chefs canaques complices qui a été une mesure légale, était un prétexte sans doute prévu par les canaques, on pourrait peut être dire un prétexte cherché.
Les causes réelles sont les suivantes à mon avis :
1° L’expulsion des canaques lors de la délimitation de certains de leurs villages où ils étaient nés et où ils avaient été élevés. Les terrains qu’on leur enlevait étaient donnés aux condamnés concessionnaires à La Foa.
(auteurs, M. M. Charrière et Lecart)
2° Réquisitions abusives pour les routes, l’établissement des lignes télégraphiques, les réparations des bâtiments de l’Adon dans la brousse et pour lesquels travaux on ne les payait pas régulièrement. Combien de réclamations n’ai-je pas transmises à ce sujet : on pourra les trouver dans les archives des bureaux.
3° L’exploitation déloyale par les colons qui leur faisaient faire des travaux pénibles contre des rétributions dérisoires. D’une autre côté les débitants et les marchands, particulièrement ceux de l’intérieur leur vendaient à des prix exorbitants.
4° - Grande sècheresse pendant laquelle le bétail des propriétaires voisins ravageaient souvent leurs cultures. (Les procès-verbaux de la gendarmerie à ce sujet sont restés souvent sans suite par suite, les canaques réduits à la famine.
Enfin, crainte continuelle d’être dépossédés des terrains qui leur restaient par suite de l’augmentation de la population blanche et par suite de celle du bétail.
Je ne finirais pas si je devais entrer dans tous les détails. Je termine avec l’espoir que tout le sang répandu servira de leçon pour l’avenir, afin que de braves et chers camarades, comme ceux que nous pleurons et qui étaient l’élite des nôtres, qui ont dû être les instruments dociles et passifs de l’administration qui agissait souvent sans se renseigner suffisamment, ne tombent plus victimes des fautes de cette administration…. »
« … J’ai l’honneur de joindre au présent rapport les procès-verbaux constatant la découverte des cadavres des victimes. Je crains qu’il n’y en ait encore…. »
Extraits :
« Procès-verbal constatant l’assassinat de 30 personnes et l’incendie de 5 maisons servant d’habitation avec vols, viols et mutilations crimes commis par les canaques dans la journée du 26 juin 1878 et les jours suivants : ….. »
« Nous nous sommes transportés à la gendarmerie de Boulouparis où nous avons trouvé incendiés, le bâtiment qui servait de logement aux gendarmes, l’écurie dans laquelle nous avons remarqués 4 cadavres de chevaux carbonisés et la cuisine des gendarmes.
Monsieur le capitaine de gendarmerie Gustin étant venu la veille à Boulouparis avec une troupe de cavaliers volontaires avait fait enterrer provisoirement les cadavres des trois gendarmes.
Afin de permettre à la justice de se rendre un compte exact des lieux, et de suivre notre récit, nous joignons au présent P.V. un croquis approximatif sur lequel nous pointons les emplacements où ont été trouvées les victimes. Pour constater l’identité des gendarmes et leurs blessures, nous les avons fait déterrer et laver leurs figures. Leurs cadavres que nous, lieut. de gendarmerie avions vus immédiatement après les assassinats étaient couchés dans les positions décrites ci-après et portaient les blessures suivantes :
N°1- Guthegesselle, Georges, Léopold, né le 21 avril 1847 à Jussy (Hte Saône) Nota : soit il s’agit de Jussey Haute-Saône soit de Jussy Haute-Savoie – brigadier à Boulouparis assassiné le 26 juin 1878 par les canaques à 10 h 20 du matin. Son cadavre a été trouvé couché sur la face à deux mètres environ de l’emplacement qu’occupait la case des gendarmes incendiée et portait les blessures suivantes : un coup de casse tête sur le front, un coup de hache au pariétal gauche, deux coups de hache à l’occipital et un coup de hache au niveau du biceps d. le petit doigt de la main droite enlevé ainsi que l’annulaire et les autres doigts lacérés, le premier doigt de la main gauche enlevé.
N°2- Rolland, Marius, Elisée, né le 10 avril 1848 à Ruffieu (Ain) gendarme à Boulouparis, assassiné le 26 juin à 10 h 20 du matin par des canaques. Son cadavre trouvé couché sur la face à trois mètres environ de l’emplacement de la caserne incendiée, porte les blessures suivantes : coup de casse-tête sur la bouche, coup de hache à la réunion du frontal gauche et du pariétal droit, coup de casse-tête au frontal gauche, enfin coup de casse-tête avec enfoncement du temporal gauche.
N°3 – Peyrard, Joseph, Henri, né le 9 août 1848 à Lacombe de Lancy (Isère) assassiné le 26 juin 1878 à 10 h 20 du matin par des canaques. Son cadavre trouvé à 80 mètres environ de la salle à manger fait supposer qu’après une lutte énergique, il a pu un instant échapper aux assassins pendant que ceux-ci s’acharnaient sur ses deux camarades mais qu’ils l’ont rattrapé et accablé. Son cadavre portait les blessures suivantes : deux coups de hache au temporal droit, la partie postérieure de la tête complètement broyée à coups de hache et de casse-tête.
N°4 – Fontaine, déporté engagé au service des gendarmes, tué au moment où il accourait aux cris des gendarmes…. »
Suivent les procès-verbaux constatant l’assassinat de 40 personnes y compris femmes et enfants. Une partie de la viande est emportée…

Le colonel Gally-Passebosc est tué de deux balles lors de la recherche des assassins.

De nombreux villages seront brulés et de nombreux canaques tués lors de la recherche des insurgés par les militaires accompagnés de plusieurs centaines de canaques des tribus alliées. Des colons sont encore assassinés et des cadavres découverts dans divers endroits. Les tuniques et les armes des gendarmes sont découvertes au cours de plusieurs opérations.
Les canaques participant aux colonnes de répression ramènent les têtes coupées
Le 16 septembre, trois bateaux de ravitaillement sont pillés, les onze membres d’équipage sont tués et mangés et sont retrouvés sur les lieux « 6 paniers remplis de chair humaine fraîchement cuite et désossée ».
Les attaques des canaques se poursuivent pendant plusieurs mois ainsi que les opérations militaires.
En janvier et février, les rescapés de tribus insurgées commencent à se soumettre.
La révolte durera plus d’un an.
Le Livre d’Or de la gendarmerie mentionne pour l’année 1878 les massacres du brigadier Simonot et des gendarmes Berthelon, Kerjoant et Schmitt de la brigade de La Foa le 25 juin ; du brigadier Guthegéselle et des gendarmes Peyrard et Rolland le 26 juin à Bouloupari.


Merci d'avoir mis ce récit ou ce rapport à notre connaissance, c'est magnifiquement bien écrit et cela respire la sincérité et l'intelligence de son auteur !
Merci GENDSTAS, j'ai passé un bon moment !
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GENDSTAS
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Ven 13 Mai 2011 - 5:28

Bonsoir,
France 2 a lancé sa piqûre de rappel sur les évènements d'Ouvéa avec la diffusion de son documentaire de 2008 sous un titre qui donne bien le ton : "Grotte d'Ouvéa : autopsie d'un massacre".

Le schéma de ce reportage est très révélateur de la façon dont on peut orienter l'opinion publique tout en paraissant objectif. Mais il n' a qu'un but : démontrer que vilains politiques, militaires et gendarmes ont massacré une poignée de gentils insurgés qui ne voulaient faire qu'une bonne blague.

Bien sûr on rappelle le contexte politique mais le mode de vie, de fonctionnement de l'île à cette époque sont complètement occultés.
L'attaque de la brigade de gendarmerie est rapidement évoquée pour dire qu'il n'y avait que des motivations pacifiques qui ont dérapé à cause d'un officier trop zélé qui a voulu se défendre. Quatre morts, ce n'était qu'un accident malheureux. Oubliés les gendarmes déjà victimes de leur dévouement. J'ai le souvenir également d'une institutrice dont on ne parle jamais qui a eu le crâne fracassé à coups de pierre après lui avoir fait perdre le contrôle de son véhicule.
Personne ne s'interroge non plus sur ce qui a pu se passer dans le cantonnement des gendarmes ni ce que les familles ont pu vivre. Mais là pas de problème, le silence a été de mise et les victimes ne souhaitent certainement pas témoigner.

Vient ensuite le récit de la détention des otages jusqu'à l'assaut final. Tout démontre qu'un vaste complot s'est mis en route pour n'aboutir qu'à une issue tragique à sens unique. Le reportage laisse entendre que les insurgés sont faiblement armés, que les principales armes ne fonctionnent même pas, bref des gamins avec des frondes.
En face, des militaires prêts à utiliser des armes lourdes et déterminés à en découdre.
Mais il ne faut surtout pas s'interroger pourquoi il faudra deux assauts, le tir de milliers de cartouches et l'utilisation de lance-flamme pour neutraliser une poignée de gentils individus.
Pourquoi la gendarmerie mobile mènera ensuite de véritables opérations militaires pour rétablir le calme et permettre la libre circulation sur l'île, cela également sera totalement oublié et nié.

En conclusion, l'amnistie générale n'aura fait que priver les insurgés de la condamnation des abus dont ils ont été victimes. Les gendarmes et leurs familles, ça ne compte pas, ça n'a jamais compté.
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Ven 13 Mai 2011 - 8:48

Merci Gendstas pour cette piqûre de rappel
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Ven 13 Mai 2011 - 12:53

Un lien intéréssant :


http://www.ac-noumea.nc/histoire-geo/spip/IMG/pdf/dossier_sur_l_enseignement_des_evenements.pdf
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Sam 4 Juin 2011 - 11:25

"des Kanaks ont été exécutés à Ouvéa"

Au moins, le titre à le mérite d'être clair...
ce témoignage est capital et même s'il risque de provoquer la polémique, il faut en parler sans détourner le regard
beaucoup s'en doutait mais on éludait et le traumatisme est resté
il est temps d'assumer...

je remercie perrototo et marrem d'attirer l'attention avec ce lien

http://www.tahiti-infos.com/Philippe-Legorjus-ex-GIGN-des-Kanaks-ont-ete-executes-a-Ouvea_a25134.html
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Sam 4 Juin 2011 - 13:13

Un film qui s'attache à un fait historique relativement récent n'est jamais parfait et n'est jamais impartial, mais il a au moins le mérite de rafraîchir la mémoire à certains et de faire connaitre ces évènements aux plus jeunes.

Il y a ceux d'entre vous qui ont vécu ces évènements et qui ne les oublieront jamais. Il y a ceux d'entre nous qui les ont suivis dans l'actualité de l'époque et qui les ont depuis -pardon Messieurs- oubliés. Et il y a ceux qui, trop jeunes ou pas encore nés -disons les moins de 30 ans- n'en ont jamais entendu parler.

Alors pour les deux dernières catégories, c'est bien que ce film se fasse.

Combien de nos jeunes ou même moins jeunes, connaissaient l'implication des Algériens dans la libération de notre pays, avant le film Indigènes ?
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Dim 5 Juin 2011 - 20:14

Alors là, mes respects!!!!!!!!!!!

Attendre 23 ans après une amnistie de tous les protagonistes des événements d'Ouvéa pour témoingner.........
Quel courage!!!!! Quel sens de l'honneur!!!!!!!

Ce genre de révélations tardives serviraient elles de promo à l'édition d'un nouveau livre sur Ouvéa?????
Je n'en serais pas étonné.
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 27 Juin 2011 - 21:30

en attendant...la bande annonce...



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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mar 28 Juin 2011 - 10:48

-Je n'ai pas lu tous les commentaires. S'cusez moi.
A l'époque des faits, j'étais bien "au chaud" dans ma "brigade languedocienne", où, il faut l'avouer, je ne risquais pas trop, ou du moins pas comme ceux qui se sont fait massacrer dans cette brigade ou qui sont allés au charbon là-bas. j'ai donc eu connaissance des faits, comme la plupart d'entre nous à cette époque, c'est à dire à travers ce qui nous était transmis par les médias. Je n'ai pas eu l'honneur de rencontrer des "acteurs" de cette terrible affaire.
Une chose est certaine, si l'ordre et la morale est un documentaire, il se doit d'être au plus près de la réalité. S'il s'agit d'un film, allez, disons "historique", il est certain, qu'il sera édulcoré, pour qu'il soit digeste, comme tout film qui retrace un évènement tel que celui-ci. Autour de faits réel, il y a tout ce qui vient se greffer pour faire un film "commercial", avec les vérités et l'imaginaire et aussi avec l'opinion bien à eux de ceux qui construisent ce film.
Un documentaire ne se regardera pas comme un film et inversement et les choses et la manière sont différentes. Un documentaire se doit d'être juste et sans à priori alors qu'un film, est, divertissant donc, il perd un peu dans la véracité du récit retranscrit à l'écran.
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Jeu 30 Juin 2011 - 12:29

bonjour dieu
au delà de l'histoire vraie vue par matthieu kassovitch, il y a un message fort à faire passer à nos camarades qui ne furent pas confronté directement aux évènements de 1988
ils auront l'occasion de "sentir", par l'image, l'ambiance et l'environnement vécus par des milliers "d'anonymes" qui sont revenus sans reconnaissance, sans merci...
il faut aller voir plus loin que l'histoire politique et se mettre dans la peau des gars de la brigade attaquée, et là, votre vision de ces gendarmes qui se taisent ou qui sont exubérants quand ils vous racontent Ouvéa et que vous écoutez, compatissants, risquent bien de changer...

http://www.google.com/url?sa=t&source=web&cd=2&sqi=2&ved=0CDIQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Flordreetlamorale&rct=j&q=l%27ordre%20et%20la%20morale&ei=4DkMTuG9JcicOora3bAL&usg=AFQjCNEJpgiXeFob1hUhm6S56JicaN2HVg
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Jeu 4 Aoû 2011 - 10:28

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Il y a toujours un commencement...
Les gars allongés sont des gendarmes, mes camarades.
Et s'il suffisait d'un mot pour déclencher la haine ?
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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Sam 12 Nov 2011 - 23:01

effectivement, un document exceptionnel qui fera peut être réagir ceux qui suivent les débats de près

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MessageSujet: Re: L'ordre et la morale fait déjà polémique   L'ordre et la morale fait déjà polémique - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1

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