Colère et stupeur sur les lieux du drame
La Courneuve (Seine-Saint-Denis)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]RUE MAURICE-BUREAU (LA COURNEUVE), HIER. Kandaiah , le voisin des personnes interpellées, les décrit comme très discrètes. RUE MAURICE-BUREAU (LA COURNEUVE), HIER. Une gerbe de fleurs a été déposée à l’endroit où le policier est mort. VILLA DES IRIS (LA COURNEUVE), HIER. C’est dans ce local à poubelles que l’arme du policier a été retrouvée.
(LP/G.CORNIER.)
Le carrefour commerçant des Quatre-Routes à La Courneuve, son tramway, son métro, ses trente mille personnes qui y passent chaque jour et sa foule cosmopolite du dimanche matin, jour de marché. A quelques pas des stands hier matin, un attroupement inhabituel d’habitants et d’élus locaux devant la rue pavillonnaire Maurice-Bureau, barrée par un cordon de police.
« Qu’est-ce qui s’est passé ici ? » Les mains encombrées de sacs, une femme pose un regard triste sur le tas de sable qui recouvre des traces de sang encore visibles, devant le bar Chez Mamy. Sur les visages se lisent l’incompréhension et la colère après la mort d’Aurélien, ce policier de La Courneuve tué la veille de deux balles dans la tête.
« Ça devient invivable »
A cinquante mètres du drame, villa des Iris, six personnes cinq hommes et une femme , tous d’origine indo-pakistanaise, ont été interpellées dans leur appartement. L’arme de service du policier a été retrouvée dans le local à poubelles de l’immeuble où vivent ces personnes.
« Ce policier connaissait très bien ce vieux quartier, on travaillait régulièrement avec lui sur les enquêtes et la question de l’habitat insalubre », déclare Gilles Poux, le maire (PCF) de La Courneuve, arrivé sur les lieux vers 11 heures. Peu après, un porte-parole de l’Unsa prend la parole, saluant « un collège un peu réservé, très sérieux » mais qui est « passé au mauvais moment au mauvais endroit » pendant un jour de repos.
« Cette rue, c’est celle du racket et des voleurs ! » lance un homme à la cantonade. Réputées dans le quartier, la rue Maurice-Bureau et l’artère baptisée villa des Iris, sa perpendiculaire, sont le repère des vendeurs à la sauvette et des pickpockets. « C’est inadmissible, fulmine un habitant d’une soixantaine d’années, prenant le maire à partie. Ça devient invivable par ici. » Les habitants évoquent les vols à l’arraché, le stationnement illicite, et ces bandes de jeunes qui s’alcoolisent. Egalement sur place, Stéphane Troussel, vice-président (PS) du conseil général de la Seine-Saint-Denis et habitant des Quatre-Routes, fait état « d’une ambiance dégradée liée à la paupérisation de la population ». « Ce quartier n’est pas le plus dangereux, tempère Marcel, qui y habite depuis quinze ans, avant d’ajouter, dubitatif : mais que venait faire ce flic hier soir dans cette ruelle sombre ? »
Des rideaux sèchent aux fenêtres, dans la cour où a été retrouvée l’arme du crime. « Ce matin, j’ai entendu la police frapper à toutes les portes, rapporte Kandaiah, le voisin des personnes interpellées. Ce sont trois frères qui vivaient ici avec leur mère. Je ne les connaissais pas très bien, ils étaient discrets mais on se disait souvent bonjour. »
source Bérangère Lepetit pour Le Parisien ici:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Ses agresseurs ont tiré à quatorze reprises!
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Au lendemain du meurtre d’un policier, tué de plusieurs balles tirées avec son arme de service dans une rue de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), samedi soir, les circonstances des faits demeurent floues. En charge de cette affaire, les enquêteurs de la brigade criminelle de la PJ de Paris étaient de retour sur les lieux hier soir.
Que s’est-il passé ? Samedi soir, vers 21 h 30, plusieurs détonations sont entendues dans un quartier pavillonnaire de La Courneuve.
Très rapidement, des passants interpellent des CRS en patrouille, en leur expliquant qu’un de leurs collègues est allongé sur la chaussée, rue Maurice-Bureau. A leur arrivée, les policiers découvrent le corps d’Aurélien Dancelme, 34 ans. Le jeune gardien de la paix a été mortellement blessé par au moins deux projectiles d’arme à feu qui l’ont atteint à la tête.
Selon les premiers éléments, le policier affecté à la brigade de sûreté urbaine de La Courneuve n’était pas en service. A proximité de son corps, son brassard de police est découvert. La victime est également retrouvée en possession de sa paire de menottes et d’un chargeur de munitions. En revanche, son arme professionnelle un Sig Sauer, calibre 9 mm a disparu.
Au moins trois témoins confient avoir assisté à une rixe entre plusieurs inconnus, membres de la communauté indo-pakistanaise avant de voir le fonctionnaire dont on ne sait pas s’il a eu le temps de décliner sa qualité se faire tirer dessus. Quatorze douilles de balles de calibre identique à l’arme de la victime sont récupérées sur la chaussée. Hier matin, le Sig Sauer est saisi dans le local à poubelles, à quelques mètres des lieux du meurtre. Le chargeur est vide. Outre deux importantes blessures à la tête, l’autopsie pratiquée hier a révélé la présence de deux autres plaies par balle au niveau du thorax.
Que faisait ce policier qui n’était pas en service à La Courneuve, samedi soir ? C’est une des principales questions à laquelle doivent répondre les enquêteurs. Domicilié à Massy (Essonne), Aurélien ne travaillait pas samedi. Selon plusieurs sources concordantes, le gardien de la paix aurait pu procéder à des vérifications dans une enquête dont il avait la charge. « Vendredi, il a rencontré des employés de la mairie pour une enquête préliminaire dans une affaire de marchands de sommeil, relate un proche du dossier. Il devait vérifier des adresses de gens susceptibles d’y être impliqués. » Aurélien se serait rendu en transport en commun à La Courneuve.
Le fonctionnaire a-t-il été la cible d’un règlement de comptes ? Selon les premières investigations, cette hypothèse semble peu probable. « Si ce policier a été victime d’une exécution, comme pourraient le laisser penser les deux balles dans la tête, cela ne ressemble pas à du travail de professionnel, explique un enquêteur. Dans ce genre d’affaire, le ou les meurtriers sont munis de leurs propres armes. Même si les résultats d’analyses ne sont toujours pas connus, il semble probable que ce soit le pistolet du policier qui ait été utilisé contre lui. »
Qui sont les six personnes interpellées ? Cinq hommes et une femme, membres de la communauté indo-pakistanaise. Les suspects habitent l’immeuble dans lequel l’arme du policier tué a été découverte. « Des témoins relatent que la rixe a éclaté avec des gens appartenant à cette communauté, confie une source proche de l’affaire. Des vérifications sont en cours. Pour l’heure, rien ne permet de se prononcer sur leur implication. »
source Stéphane Sellami avec Carole Sterlé pour Le Parisien ici:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]« Il n’avait plus que son boulot, c’était sa vie »
UN POLICIER qui connaissait la victime!
Aurélien Dancelme, 34 ans, gardien de la paix, a été abattu, samedi soir, de plusieurs balles tirées par un ou plusieurs agresseurs à La Courneuve. Ce policier a perdu la vie dans une rue d’une ville qu’il avait appris à connaître. Rattaché à la brigade de sûreté urbaine (BSU) du commissariat de La Courneuve depuis avril 2003, il avait pour mission de démêler de petites affaires de police judiciaire.
« Les policiers affectés dans ce type de service font de l’enquête, c’est leur quotidien, détaille une source proche de l’affaire. Les fonctionnaires de la BSU sont toujours à la recherche de la bonne affaire. Ils sont flics, le jour, la nuit, tout le temps. Aurélien était de ceux-là. »
Très apprécié de ses collègues, ce père de deux enfants, divorcé, était installé dans une modeste chambre d’un foyer à Massy (Essonne). Depuis sa séparation, ce jeune fonctionnaire ne voyait pas régulièrement ses enfants, domiciliés à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges).
« Il était du genre à se déplacer toujours avec son arme »
« Il avait une vie personnelle compliquée depuis sa séparation avec sa femme mais c’était un très bon professionnel et je n’ai aucun doute sur sa probité, soutient un fonctionnaire qui le connaissait. C’était un bosseur et il était du genre à se déplacer toujours avec son arme. Certains sont comme ça dans la profession. Ils la laissent au service seulement quand ils partent en vacances. »
« Il n’avait plus que son boulot. C’était sa vie, ajoute un autre policier. Il avait été inquiété par sa hiérarchie pour des retards dans le traitement de dossiers. Sa chef de service voulait l’envoyer en conseil de discipline mais il n’y avait pas eu de suite. A l’époque, les responsables de groupe de sa brigade s’étaient montrés solidaires. »
Aurélien, décrit comme un homme au physique frêle, avait été pris à partie dans le tramway en Seine-Saint-Denis, il y a quelque temps, alors qu’il tentait de s’interposer au cours d’une altercation. Il avait décliné sa qualité de policier avant d’être frappé par plusieurs agresseurs. « En septembre, il devait se rapprocher de ses parents domiciliés dans le Sud. Ces derniers sont malades et il les aidait beaucoup. »
source Carole Sterlé et Stéphane Sellami pour Le Parisien ici:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Pourquoi avait-il son arme ?
L’article 114-4 du règlement général d’emploi de la police nationale est clair sur ce sujet : « Un policier peut être en possession de son arme, même pendant ses temps de repos, tant qu’il se trouve sur le ressort géographique dans lequel il exerce sa profession, précise un fonctionnaire. Dans le cas d’un policier affecté auprès du secrétariat général de l’administration (SGAP) de Paris, il peut porter son arme quand il se trouve dans la capitale mais aussi dans les trois départements de Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne.
Il peut également avoir son pistolet automatique sur le trajet entre son domicile et son lieu de travail. »
En revanche, les fonctionnaires qui sont en congés annuels doivent impérativement déposer leur arme dans une armoire forte prévue à cet effet dans leur service.
source Le Parisien ici:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]La mort mystérieuse d’un policier à La Courneuve
Six personnes ont été arrêtées hier après le meurtre d’un policier qui n’était pas en service, samedi à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Le mobile du crime n’a pas encore été établi.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ce matin, la garde à vue des six personnes interpellées hier dans l’enquête sur la mort d’Aurélien Dancelme, un policier de 34 ans abattu samedi soir à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), devrait être prolongée. Agés de 25 à 30 ans, ces cinq hommes et une femme, tous Sri-Lankais, ont été arrêtés tôt hier matin dans un immeuble situé tout près du lieu où, samedi soir vers 21 h 30, ce père de deux enfants a perdu la vie.
Son arme de service, qui avait disparu et avec laquelle il aurait été tué, a été retrouvée dans un local à poubelles de cet immeuble.
« Il a dû intervenir en précisant sa qualité de fonctionnaire »
L’autopsie déterminera les causes exactes de sa mort, mais d’ores et déjà les premières constatations médico-légales indiquent que la victime a succombé après avoir été touchée par quatre balles.
La piste d’une rixe, dans ce quartier très passant mais pas jugé particulièrement « difficile », avec des personnes d’origine indo-pakistanaise semblait la piste privilégiée hier pour expliquer le drame. Le fonctionnaire, en poste à la brigade de sûreté urbaine (BSU) de Seine-Saint-Denis, n’était pas en service samedi soir au moment des faits.
Pour Fabien Modicom, du syndicat Alliance police nationale, Aurélien Dancelme se serait retrouvé dans une bagarre, mais, selon le syndicaliste, « on ne sait pas ni pourquoi ni comment ». « Ce qui est sûr, c’est qu’il avait son brassard de police sur lui, donc, on pense qu’il a dû intervenir en précisant sa qualité de fonctionnaire », a-t-il ajouté. Le syndicaliste a également précisé que le policier était armé. « Tout fonctionnaire de police, qui ne dépasse pas 24 heures de repos, peut rentrer chez lui avec son arme », a-t-il souligné.
Aurélien Dancelme avait été entendu en tant que témoin par l’Inspection générale des services dans le cadre d’une affaire de corruption, et lavé de tout soupçon. Un autre policier de La Courneuve avait, lui, été placé en détention, avant d’être libéré, il y a quelques semaines. A ce stade de l’enquête, ces deux affaires n’ont rien à voir entre elles.
source A.-C.J. et St.S. pour Le Parisien ici:
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