Il est mal barré, Cornélis, au guidon de sa bécane, poursuivi par deux motards de la gendarmerie. Le jeune effronté, sans permis, sans assurance et en possession de stupéfiants... ne s'arrête pas et renverse l'un des gendarmes. A la barre du tribunal correctionnel, il prend six mois de prison avec sursis et se voit confisquer sa moto.
Sale quart d’heure pour Cornelis, un jeune Hollandais, effronté à souhait. S’il peut se targuer d’avoir accroché, au sens littéral et physique du terme, un motard de la gendarmerie à son tableau de chasse, le magistrat face à lui, vendredi, annonce d’emblée la couleur : « Donc vous prenez clairement les gendarmes pour des cons ? Je pourrais dire que vous prenez les militaires de la gendarmerie nationale pour ce qu’ils ne sont pas mais je préfère me faire comprendre clairement. »
Cornélis roule le 27 avril dernier sur un chemin rural mais goudronné tout de même, à Sainte-Montaine, le pays de l’écrivaine Marguerite Audoux, prix Fémina en 1910.
Mais Cornélis ne donne pas dans la littérature, plutôt dans la provocation. Dans le « comportement imbécile », souligne même son avocate.
Deux motards filent, casques au vent, sur la même route que lui. Ils remarquent une absence d’immatriculation sur sa bécane. L’un des deux pandores à roulettes, un grand gaillard botté de la brigade motorisée de Vierzon, s’avance à son niveau et lui intime, par une gestuelle adéquate, de garer sa citrouille le long de la chaussée. Le signe de tête du condé fait un flop.
Le jeune militaire persiste et par le truchement d’une maladresse ou d’un acte volontaire de Cornélis, on ne sait pas, et dans le désordre qui suit, le gendarme se retrouve au fossé, la moto à l’envers, la cabane sur le chien, la tente sur le campeur. L’herbe est moite et l’affront à l’uniforme clairement constitué.
Cornélis est un poème, un Rimbaud des temps modernes avec six délits aux fesses. Il n’a pas de permis moto, pas d’assurance. Il refuse de souffler dans l’éthylotest et traîne quatre grammes de shit dans ses poches.
Côté bagout, c’est un festival. Les militaires lui demandent son permis, il répond : « Ça ne marche pas le BSR ? (brevet de sécurité routière). » « Votre profession ? », poursuivent les gendarmes. « Je pense être maçon… », un vrai philosophe, il est ouvrier agricole… « Vous avez des revenus ? », s’acharnent les pandores. « Je vis de mon travail », répond le jeune homme.
Il explique, froidement, que le motard a laissé tomber son engin pour lui sauter dessus, style cascade à la Belmondo dans Peur sur la ville.
Le jeune effronté prend six mois de prison avec sursis, suspension de son permis (qu’il a récupéré depuis) de six mois, 350 euros d’amende, 300 euros de dommages et intérêts au gendarme. Et sa moto est confisquée.
http://www.leberry.fr/cher/actualite/2015/09/21/il-fait-chuter-un-motard-de-la-gendarmerie-six-mois-avec-sursis_11593002.html