Lutte contre les violences Une brigade dédiée à la protection des familles L'UNIFORME ne fait pas forcément le gendarme. Depuis septembre dernier, la Marne, parmi une vingtaine de départements en France, expérimente en effet une brigade un peu particulière à vocation parfois plus sociale que répressive. Véritable entité fonctionnelle dont le commandement est basé à Châlons-en-Champagne, la brigade de protection des familles, c'est son nom, a en l'occurrence pour objectif d'anticiper et de prévenir les violences en milieu familial, en relation étroite avec les services sociaux et les associations de défense des victimes.A ce jour, quelque 110 familles marnaises ont déjà été placées dans son collimateur. Des résultats probants au regard desquels la direction générale de la gendarmerie a pris la décision de développer ces brigades dans chaque département du territoire français dès le mois de septembre 2010.
Dans la Marne, les effectifs de cette nouvelle brigade, tous formés à la problématique des violences intra-familiales, quadrillent ainsi depuis plusieurs mois chaque canton et arrondissement du département. Encadrés par deux officiers de police judiciaire faisant le lien avec les parquets de la ville préfecture et de Reims, ils disposent d'une parfaite autonomie d'intervention et de gestion des faits, en relation permanente avec les associations telles que le Centre d'information sur les droits des femmes (CDIF) et le Mouvement d'action et de reflexion pour l'accueil et l'insertion sociale (MARS).
Rompre le silenceSélectionnés en fonction de leur empathie et de leur sens de l'accueil, ces gendarmes métamorphosés, pourrait-on dire, en « assistante sociale » ont avant tout pour rôle de détecter la gravité et la dangerosité des situations auxquelles ils sont confrontés. Certes, les uniformes bleus ont toujours fait du social, en particulier lors de leurs interventions de nuit, mais désormais, ils consignent tout sur des fiches, répertorient, classent et établissent un suivi des victimes, des enfants et des auteurs de violences dans le but d'anticiper les drames aux conséquences parfois dramatiques.
Ces fiches sont ensuite transmises à un référent dont dispose chaque communauté de brigades. Intégrés au maillage de la Brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ), ils sont 25 dans le département à établir ainsi la traçabilité des familles à risques. « C'est un moyen d'y voir plus clair et de désamorcer en amont les situations problématiques avant le drame, souligne le lieutenant Alavoine, commandant de la brigade. Quant aux services sociaux, cela leur permet de disposer eux aussi d'un référent. »
Forts de possibilités élargis, ces référents ont ensuite toute latitude pour agir en fonction des profils déterminés grâce à ces fiches. Au cas par cas, ils peuvent orienter les victimes vers les associations, obtenir un conciliabule auprès des familles, prendre des mesures d'éloignement en concertation avec les services sociaux, laisser le parquet décider de poursuites judiciaires ou bien encore, en cas de violences extrêmes, solliciter l'intervention d'un négociateur de crise.
Aussi les victimes elles-mêmes bénéficient-elles d'une meilleure prise en charge. « L'une des missions du référent consiste à faire en sorte que les victimes prennent conscience de leur situation, précise-t-on du côté de la brigade. Et cela pour qu'elles se considèrent comme victime. » Une méthode qui semble porter ses fruits : après un pic en décembre 2009 et janvier 2010, le nombre des interventions de nuit intra-familiales s'inscrit à la baisse dans la Marne. Autre effet et non des moindres : les victimes ont désormais le courage de rompre le silence.
http://www.lunion.presse.fr/article/faits-divers/lutte-contre-les-violences-une-brigade-dediee-a-la-protection-des-familles
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