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 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid

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MessageSujet: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 15 Fév 2010 - 17:05

Rappel du premier message :

Par Philippe Bilger -

La police est en crise : détestée par une partie de la population, fustigée par les médias, ignorée par le gouvernement... Philippe Bilger - un juriste pourtant - prend leur parti et leur défense.

Si j’étais policier...

J’en aurais assez
. Je serais fatigué. Lassé d’entendre sans cesse les mêmes accusations, les mêmes récriminations, les mêmes injustices.

Je n’en pourrais plus d’être écartelé chaque jour entre le besoin qu’on a de moi, de l’ordre et de l’autorité que je représente et l’hostilité qu’on éprouve à l’égard de la police et de la contrainte nécessaire qu’elle doit exercer. On me veut ou on me déteste ?

J’aurais envie de dire, à ceux qui m’obligent à frôler les murs dans le quartier où j’habite, aux professionnels de l’indignation et de la société théorique, à toutes les bonnes consciences heureuses d’avoir avec mes collègues et moi des boucs émissaires idéaux, qu’ils n’ont qu’à prendre ma place, mon service et mes responsabilités. Qu’ils fassent « mon boulot » et on verra si leur angélisme ne s’imprégnera pas alors d’un peu de réalisme !

Je ne supporterais plus d’être toujours et à tout coup traité de coupable. On dirait que la police patrouille, interpelle, se bat, est frappée et outragée par plaisir. Il n’y aurait que des pacifiques partout et nous aurions tort de nous mêler de ce que notre mission implique. Moi aussi, je voudrais pouvoir bénéficier de la présomption d’innocence et sentir, en ma faveur, la grande houle systématique des droits de l’homme, des syndicats, des avocats et des humanistes patentés. Mais coupable d’entrée de jeu, je devrais encore m’estimer chanceux si on ne me renvoie pas devant le tribunal correctionnel.

Je serais dégoûté d’être abandonné en rase République par ceux qui auraient dû être nos alliés naturels, les politiques, les juges, les citoyens honnêtes, les partisans d’une société à peu près vivable où l’ordre ne serait que le moyen de la justice. Les magistrats, toutes tendances confondues, qui se croient d’une essence supérieure à la nôtre. Nous aurions les mains sales et noires et eux auraient l’esprit et la morale propres. Forcément, puisque le réel passe à travers nous et ne les atteint qu’épuré et filtré. Les politiques fluctuent à notre égard au gré de l’imprévisibilité sociale. Poussant les feux quand l’opinion publique est scandalisée par un crime. Prétendant réguler et désarmer quand des avocats protestent, quand des journalistes sont placés en garde à vue et que la démagogie ordonne de suivre, alors qu’un Etat responsable choisit ses actions et ses abstentions et n’est pas mû par un réflexe de Pavlov.

Je me révolterais devant ces incidents, parfois ces tragédies qui naissent souvent parce qu’un jeune homme, dans des cités où l’on a à peine le droit d’entrer, a commis un délit ou un crime et que, poursuivi légitimement par la police, il va chuter, être blessé ou malheureusement parfois mourir. Immédiatement, on va oublier la cause pour ne s’attacher qu’à la conséquence dont la charge sera exclusivement imputée à la police. Les médias montreront la famille éplorée de la victime qui nous traînera dans la boue en direct. Il faudrait accepter cela sans réagir ? Comme si le drame occultait l’équité et même le bon sens ?

Je m’éloignerais de nos meilleurs ennemis : les journalistes. Qu’on leur parle ou non, peu importe. Il y a pour eux quelque chose de plus fondamental que la bonne foi policière : le fait que la police ne peut pas être de bonne foi. Ce n’est pas vrai seulement pour les publications de gauche, voire gauchistes qui ont besoin de « se faire » la police par une sorte d’hygiène à parfum anarchiste ou vaguement révolutionnaire. Ce l’est aussi pour les journaux conservateurs ou « apolitiques », tant avec une complaisance masochiste le petit monde médiatique éprouve le besoin de crier d’une seule voix, d’écrire d’une seule plume. Ces contempteurs au quotidien ne seront pas les derniers à nous fustiger lorsque nous interviendrons avec dix secondes de retard à la fin de manifestations où eux aussi auront été pris à partie par des voyous.

Je dénoncerais ces projets de réforme qui parlent du travail des policiers sans les solliciter le moins du monde, comme si ceux-ci n’étaient pas là disponibles, légitimes pour traiter de ce qu’ils connaissent au quotidien. C’est D’ABORD eux qu’il aurait fallu écouter, comprendre et consulter sur la garde à vue.

Je tournerais en dérision, si j’avais le courage d’en rire, ce débat qui a été imposé à l’Etat, qu’il n’a pas du tout initié et qui sous le feu conjugué de l’humanisme européen et de la formidable pression du barreau va sans doute aboutir à une côte mal taillée tant le fait d’ouvrir une porte, sans véritable nécessité, vous condamne à des acrobaties intellectuelles (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro, nouvelobs.com). On aboutit à ce paradoxe que, par crainte de nos réactions, on nous rend hommage tout en affirmant - comme la garde des Sceaux - qu’on ne va toucher que « le cadre légal » qui en l’occurrence est tout. Jean-Marie Bockel, lui, sent bien la difficulté ! Autrement dit, on n’a rien à nous reprocher, on exige de nous des résultats, la garde à vue offre des garanties et est adaptée à la majorité des personnes interpellées mais il convient pourtant de la modifier. Des dysfonctionnements singuliers vont être le prétexte pour une agitation législative plurielle. Que l’avocat, puisque la garde à vue est souvent efficace, souhaite y imposer sa présence, rien de plus normal, mais que le pouvoir politique lui emboîte le pas sans s’interroger... Il y aura sans doute des manifestations de policiers, banderoles et slogans à l’appui mais le processus est enclenché. A tel point que notre défenseur Brice Hortefeux, vaillant et déterminé, a été obligé d’admettre qu’il n’était pas « hostile à une réforme » mais à certaines conditions (JDD.fr). Il y a tout de même aussi des magistrats, contrairement à ce qu’on veut faire croire, qui n’applaudissent pas cette évolution prétendue inéluctable. Celle-ci semble faire perdre le sens commun à certains juges qui dispensent de peine parce que la garde à vue aurait été « indigne ».

Où va-t-on ? En réalité, mais il y faudrait du courage politique et de la constance professionnelle, plutôt que de modifier les règles il faudrait un contrôle vigilant et impitoyable des gardes à vue et l’exclusion des fonctionnaires de police qui les déshonorent soit par paresse - combien d’actes négligés !- soit à cause d’une violence inadmissible. Mais une telle démarche serait infiniment plus ardue et éprouvante que de faire voter une nouvelle loi ! Nous serions nombreux à approuver une telle rigueur. Elle nous dispenserait du procès global qui nous est intenté à cause de quelques-uns. Ce qui est sûr pour les policiers, c’est que les moyens de la lutte contre l’insécurité vont subtilement être infléchis, atténués mais que l’on continuera pourtant à réclamer une police réactive partout et favorisant l’émergence d’un degré zéro de délinquance, ce qui est à la fois impossible et absurde. Travailler plus et mieux avec moins, comment faire ?

Je m’opposerais à tous les donneurs de leçons. Aux vertus qu’on exige de nous, connaîtrait-on beaucoup de politiques, de magistrats, d’avocats et de journalistes dignes d’être policiers ? Je sais que parmi nous il n’y a pas que des « aigles » et qu’il est dangereux de donner du pouvoir à des médiocres. Mais là aussi qu’attend-on ? Comme dans la magistrature qui a aussi ses incompréhensibles protections, nous avons nos « brebis galeuses ». Il faut s’en débarrasser. Rien cependant n’autorise qui que ce soit à se poser en face de nous comme modèle éthique. La fonction de policier est une charge, un honneur, parfois une souffrance. Auxiliaire de tranquillité publique et de démocratie, comme les magistrats et les avocats sont auxiliaires de justice. Rien de plus, rien de moins.

Si j’étais policier…

http://www.marianne2.fr/Dans-le-cerveau-d-un-flic-il-fait-froid_a185131.html

http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&ct=res&cd=1&ved=0CAcQFjAA&url=http%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2FPhilippe_Bilger&rct=j&q=philippe+bilger+wikipedia&ei=-VJ5S7aZCZLe4gas34W_Bg&usg=AFQjCNGM1kPz0xtTi7zhac3t4280fIZJ4Q
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 4 Oct 2010 - 19:30

Franchement , il n'y a rien à gagner pour un haut fonctionnaire (magistrat)à écrire un article de cet ordre .Il ne fait qu'écrire ce que beaucoup de personnes pensent foncièrement avec en sus une très belle plume doublée de sensibilité , de conviction et de réalisme flagrants .De plus il ne travestit aucunement les réalités endurées par les forces de l'ordre .Et concernant la prétendue paresse intellectuelle ,prise dans une définition sur Wikipédia comme tu l'indiques , relis bien l'article , c'est tout sauf cela .Continuez de douter pour douter , de voir et croire à l'omniprésence de la Manipulation , alors votre champ des possibles se réduira d'autant ..........................mais ce n'est bien sûr que mon avis !!!!!! Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 4 Oct 2010 - 20:09

Citation :
Et concernant la prétendue paresse intellectuelle

Je n'ai pas prétendu qu'il avait fait preuve de paresse intellectuelle, cette phrase fait juste partie de la définition. Néanmoins, à ce niveau, on peut se demander si reprendre simplement, en faisant de belles phrases n'est pas tout de même de la paresse intellectuelle. En effet, d'un magistrat de ce niveau j'aurais plutôt attendu une analyse pointue des causes et conséquences de ce refroidissement climatique.
Enfin, si je ne remets pas en question l'intelligence reconnue par tous de ce magistrat, j'en garde surtout l'image d'une personne qui a un besoin immodéré de se mettre en avant, notamment en recquérant lors des procès les plus médiatisés.
Dans son texte il fustige les journalistes dans la vraie vie il en recherche le contact... C'est assez contradictoire
Je ne crois pas à la grande théorie du Complot, pas plus que je ne crois au caractère désintéressé des interventions de nos élites.
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 4 Oct 2010 - 20:11

Citation :
Franchement , il n'y a rien à gagner pour un haut fonctionnaire (magistrat)à écrire un article de cet ordre .

A ce niveau, tout est politisé... Ce n'est pas la théorie de la manipulation qui refait surface, juste une réalité. Ignorer ce fait n'est rien d'autre que de la naïveté.
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Mar 5 Oct 2010 - 5:02

Bonsoir,
Que cet article ne fasse pas l'unanimité, pourquoi pas, chacun à ses opinions et son vécu.
Mais parler de démagogie parce que l'auteur rapporte une situation et des comportements généraux, que tous les policiers et gendarmes sont les premiers à déplorer, franchement, je ne comprends pas.
Il me semble encore entendre les cris et les râles à chaque fois que l'on demande à un gendarme de rendre compte de son action suite à une lettre de réclamation.

Lorsque je relis le texte de ce magistrat, je vois une analyse très lucide et des propositions très sensées. Il n'écrit pas qu'il ne faut rien faire pour la garde à vue, bien au contraire. Il reconnait son utilité comme "outil" de l'enquête et plutôt que de casser cet instrument en faussant le jeu par la présence de l'avocat, il propose d'exercer un contrôle intransigeant des conditions d'exercice de ce droit.
Tout les enquêteurs savent très bien l'importance de la garde à vue, sans elle, adieu l'identification des complices, le rapprochement des affaires, la remontée des réseaux. Monsieur Bilger n'a même pas évoqué le motif, principal à mon avis, qui doit exclure la présence de l'avocat : le mensonge est reconnu par la justice comme un moyen de défense. Alors qu'une victime ou un témoin s'exposent à de lourdes sanctions s'ils viennent à mentir au cours de la procédure (faux témoignage, outrage, dénonciation calomnieuse), l'auteur des faits, pour ne pas dire le coupable, n'encourt aucune peine. Hier encore, dans le cadre de l'affaire BETTANCOURT, un avocat expliquait aux journalistes que les "mensonges" soufflés à sa cliente sont justifiés car elle n'est plus en mesure de se défendre seule. Où peut être la vérité si elle n'a pas de souvenirs ? C'est bien admettre que le rôle de l'avocat est parfois d'inventer "une réalité" manquante ou par trop dérangeante. Pourtant, la défense ne devrait pas chercher à entraver la recherche de la vérité....

Quant au rôle médiatique de ce magistrat, il semble normal lorsqu'on oeuvre dans la première juridiction française qu'il y ait parfois des affaires retentissantes. Encore heureux que l'accusation des affaires les plus graves soit menée par les magistrats les plus expérimentés. Les exemples de ratés fracassants de quelques jeunes juges devraient pourtant suffire. Les avocats généraux ne sont pas si nombreux que cela pour qu'ils se retrouvent de temps à autres sous les feux des médias. A l'inverse des avocats de la défense, ils n'ont pas le choix des affaires et très peu le choix des clients.
Enfin, ce ne sont pas les magistrats qui sollicitent les journalistes mais bien ces derniers qui sont à l’affût permanent d'un bon papier.
Monsieur Bilger doit savoir de quoi il parle, il a écrit certains ouvrages sur le droit de la presse et il est marié à une journaliste.

Pour avoir fréquenté assez longuement les journalistes, j'ai vite compris comment m'en débarrasser ou les intéresser selon l'affaire en cours. Si vous répondez de façon négative à une interview, par exemple en commençant par "Non, vous n'avez pas compris..", le reportage ne sera jamais diffusé. En revanche, si vous évoquez une petite anecdote mineure, même si le reportage a duré plusieurs heures, seule celle-ci sera gardée. Ils sont également très friands des "gadgets". Si vous voulez quelques belles images, montrez un chien, une Subaru ou des jumelles laser, le must restant l'hélicoptère surtout s'ils sont autorisés à embarquer.

Quant à la manipulation, monsieur Bilger s'engage beaucoup trop dans ses opinions pour espérer un jour un beau poste politique.
Les meilleurs cours que j'ai suivis sur l'art de la manipulation étaient organisés par des maoïstes en 1968 pour dénoncer l'action de la presse de droite. Je m'amuse aujourd'hui à lire ou entendre les intellectuels de gauche utilisant ces mêmes méthodes pour leur propre compte.
Hier midi, sur France Inter, un journaliste de droite expliquait qu'il était un des rares journalistes de ce bord, et que sa carrière restait à la traîne pour cela, la presse étant traditionnellement composée de gens de gauche, y compris au Figaro... ce qui n'empêche nullement de se conformer à la ligne rédactionnelle de l'employeur...

Alors encore bravo Monsieur Bilger.
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 18 Oct 2010 - 4:49

Citation :
Par Philippe Bilger -

La police est en crise : détestée par une partie de la population, fustigée par les médias, ignorée par le gouvernement... Philippe Bilger - un juriste pourtant - prend leur parti et leur défense.

Si j’étais policier...

J’en aurais assez. Je serais fatigué. Lassé d’entendre sans cesse les mêmes accusations, les mêmes récriminations, les mêmes injustices.

Je n’en pourrais plus d’être écartelé chaque jour entre le besoin qu’on a de moi, de l’ordre et de l’autorité que je représente et l’hostilité qu’on éprouve à l’égard de la police et de la contrainte nécessaire qu’elle doit exercer. On me veut ou on me déteste ?

J’aurais envie de dire, à ceux qui m’obligent à frôler les murs dans le quartier où j’habite, aux professionnels de l’indignation et de la société théorique, à toutes les bonnes consciences heureuses d’avoir avec mes collègues et moi des boucs émissaires idéaux, qu’ils n’ont qu’à prendre ma place, mon service et mes responsabilités. Qu’ils fassent « mon boulot » et on verra si leur angélisme ne s’imprégnera pas alors d’un peu de réalisme !

Je ne supporterais plus d’être toujours et à tout coup traité de coupable. On dirait que la police patrouille, interpelle, se bat, est frappée et outragée par plaisir. Il n’y aurait que des pacifiques partout et nous aurions tort de nous mêler de ce que notre mission implique. Moi aussi, je voudrais pouvoir bénéficier de la présomption d’innocence et sentir, en ma faveur, la grande houle systématique des droits de l’homme, des syndicats, des avocats et des humanistes patentés. Mais coupable d’entrée de jeu, je devrais encore m’estimer chanceux si on ne me renvoie pas devant le tribunal correctionnel.

Je serais dégoûté d’être abandonné en rase République par ceux qui auraient dû être nos alliés naturels, les politiques, les juges, les citoyens honnêtes, les partisans d’une société à peu près vivable où l’ordre ne serait que le moyen de la justice. Les magistrats, toutes tendances confondues, qui se croient d’une essence supérieure à la nôtre. Nous aurions les mains sales et noires et eux auraient l’esprit et la morale propres. Forcément, puisque le réel passe à travers nous et ne les atteint qu’épuré et filtré. Les politiques fluctuent à notre égard au gré de l’imprévisibilité sociale. Poussant les feux quand l’opinion publique est scandalisée par un crime. Prétendant réguler et désarmer quand des avocats protestent, quand des journalistes sont placés en garde à vue et que la démagogie ordonne de suivre, alors qu’un Etat responsable choisit ses actions et ses abstentions et n’est pas mû par un réflexe de Pavlov.

Je me révolterais devant ces incidents, parfois ces tragédies qui naissent souvent parce qu’un jeune homme, dans des cités où l’on a à peine le droit d’entrer, a commis un délit ou un crime et que, poursuivi légitimement par la police, il va chuter, être blessé ou malheureusement parfois mourir. Immédiatement, on va oublier la cause pour ne s’attacher qu’à la conséquence dont la charge sera exclusivement imputée à la police. Les médias montreront la famille éplorée de la victime qui nous traînera dans la boue en direct. Il faudrait accepter cela sans réagir ? Comme si le drame occultait l’équité et même le bon sens ?

Je m’éloignerais de nos meilleurs ennemis : les journalistes. Qu’on leur parle ou non, peu importe. Il y a pour eux quelque chose de plus fondamental que la bonne foi policière : le fait que la police ne peut pas être de bonne foi. Ce n’est pas vrai seulement pour les publications de gauche, voire gauchistes qui ont besoin de « se faire » la police par une sorte d’hygiène à parfum anarchiste ou vaguement révolutionnaire. Ce l’est aussi pour les journaux conservateurs ou « apolitiques », tant avec une complaisance masochiste le petit monde médiatique éprouve le besoin de crier d’une seule voix, d’écrire d’une seule plume. Ces contempteurs au quotidien ne seront pas les derniers à nous fustiger lorsque nous interviendrons avec dix secondes de retard à la fin de manifestations où eux aussi auront été pris à partie par des voyous.

Je dénoncerais ces projets de réforme qui parlent du travail des policiers sans les solliciter le moins du monde, comme si ceux-ci n’étaient pas là disponibles, légitimes pour traiter de ce qu’ils connaissent au quotidien. C’est D’ABORD eux qu’il aurait fallu écouter, comprendre et consulter sur la garde à vue.

Je tournerais en dérision, si j’avais le courage d’en rire, ce débat qui a été imposé à l’Etat, qu’il n’a pas du tout initié et qui sous le feu conjugué de l’humanisme européen et de la formidable pression du barreau va sans doute aboutir à une côte mal taillée tant le fait d’ouvrir une porte, sans véritable nécessité, vous condamne à des acrobaties intellectuelles (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro, nouvelobs.com). On aboutit à ce paradoxe que, par crainte de nos réactions, on nous rend hommage tout en affirmant - comme la garde des Sceaux - qu’on ne va toucher que « le cadre légal » qui en l’occurrence est tout. Jean-Marie Bockel, lui, sent bien la difficulté ! Autrement dit, on n’a rien à nous reprocher, on exige de nous des résultats, la garde à vue offre des garanties et est adaptée à la majorité des personnes interpellées mais il convient pourtant de la modifier. Des dysfonctionnements singuliers vont être le prétexte pour une agitation législative plurielle. Que l’avocat, puisque la garde à vue est souvent efficace, souhaite y imposer sa présence, rien de plus normal, mais que le pouvoir politique lui emboîte le pas sans s’interroger... Il y aura sans doute des manifestations de policiers, banderoles et slogans à l’appui mais le processus est enclenché. A tel point que notre défenseur Brice Hortefeux, vaillant et déterminé, a été obligé d’admettre qu’il n’était pas « hostile à une réforme » mais à certaines conditions (JDD.fr). Il y a tout de même aussi des magistrats, contrairement à ce qu’on veut faire croire, qui n’applaudissent pas cette évolution prétendue inéluctable. Celle-ci semble faire perdre le sens commun à certains juges qui dispensent de peine parce que la garde à vue aurait été « indigne ».

Où va-t-on ? En réalité, mais il y faudrait du courage politique et de la constance professionnelle, plutôt que de modifier les règles il faudrait un contrôle vigilant et impitoyable des gardes à vue et l’exclusion des fonctionnaires de police qui les déshonorent soit par paresse - combien d’actes négligés !- soit à cause d’une violence inadmissible. Mais une telle démarche serait infiniment plus ardue et éprouvante que de faire voter une nouvelle loi ! Nous serions nombreux à approuver une telle rigueur. Elle nous dispenserait du procès global qui nous est intenté à cause de quelques-uns. Ce qui est sûr pour les policiers, c’est que les moyens de la lutte contre l’insécurité vont subtilement être infléchis, atténués mais que l’on continuera pourtant à réclamer une police réactive partout et favorisant l’émergence d’un degré zéro de délinquance, ce qui est à la fois impossible et absurde. Travailler plus et mieux avec moins, comment faire ?

Je m’opposerais à tous les donneurs de leçons. Aux vertus qu’on exige de nous, connaîtrait-on beaucoup de politiques, de magistrats, d’avocats et de journalistes dignes d’être policiers ? Je sais que parmi nous il n’y a pas que des « aigles » et qu’il est dangereux de donner du pouvoir à des médiocres. Mais là aussi qu’attend-on ? Comme dans la magistrature qui a aussi ses incompréhensibles protections, nous avons nos « brebis galeuses ». Il faut s’en débarrasser. Rien cependant n’autorise qui que ce soit à se poser en face de nous comme modèle éthique. La fonction de policier est une charge, un honneur, parfois une souffrance. Auxiliaire de tranquillité publique et de démocratie, comme les magistrats et les avocats sont auxiliaires de justice. Rien de plus, rien de moins.

Si j’étais policier…

Je me lasse pas de le relire .........à transmettre
à nos décideurs !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 496168 cheers cheers cheers cheers
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interceptor
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 18 Oct 2010 - 11:16

j'ai hâte de lire son prochain pamphlet sur l'objectivité des juges qui ne sont pas de gauche bien sur, et qui rendent la Justice sans autre motivation que l'intérêt de la société et de la victime Up 1
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Lou93
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1Lun 18 Oct 2010 - 12:20

A afficher dans le grand amphi de l' Ecole de la Magistrature!
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MessageSujet: Re: Dans le cerveau d'un flic... il fait froid   Dans le cerveau d'un flic... il fait froid - Page 2 Diapo0b0fdf5d9e0fe11dea4d4eabc282a2c1

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