L'allusion n'a été faite qu'à la toute fin des débats par la vice-procureure de la République Céline Raignault.
Mais, à n'en pas douter, le drame de Collobrières était dans toutes les têtes, lundi après-midi, au moment de la comparution d'Otto Sipos à la barre du tribunal correctionnel de Grasse. Et pour cause : la tentative de ce Hongrois de 42 ans de dérober l'arme d'une policière cagnoise, qui l'a pris jeudi soir en flagrant délit de cambriolage dans une villa du boulevard Pagnol, ressemblait à s'y méprendre à celle meurtrière d'Abdallah Boumezaar. L'issue étant seulement plus heureuse ; la représentante des forces de l'ordre ayant réussi à conserver son pistolet.
Ce lourd contexte n'avait visiblement pas échappé au prévenu. Car le grand gaillard né à Tatabanya avait beau être en situation de récidive légale pour cambriolage, sa principale ligne de défense a été de ne pas être assimilé à Collobrières. Voleur de villa, d'accord. Mais pas voleur de pistolet. « Je n'avais aucune raison de m'emparer de son arme,a-t-il lancé par la voix de son interprète.Je vous jure que je n'ai pas essayé. Mon seul souci était de me sauver. Peut-être que dans ma fuite, j'ai un peu touché la policière. Mais pas davantage.» Son avocat commis d'office Me Sibboni a abondé dans le même sens : « Compte tenu de la différence de corpulence, il me semble que Monsieur Sippos aurait aisément pu prendre l'arme s'il l'avait voulu. »
Seulement la parole d'un homme qui a déjà de nombreuses condamnations à son palmarès a bien peu de valeur face à celle d'un agent assermenté. Surtout quand les dires de la policière sont confirmés par des constatations médicales faisant état d'un hématome de huit centimètres sur dix au niveau des côtes à cause d'un coup de pied.
« La peur au ventre »
Dès lors, les réquisitions de Céline Raignault n'ont pas été tendres : « Quelquefois, les forces de l'ordre se lèvent avec la peur au ventre. Et, dans ce cas, je ne doute pas un instant que la policière a subi un moment de terreur. Pas loin d'ici, le Var va garder encore longtemps le traumatisme des assassinats des deux gendarmes qui ont eu le malheur de se trouver face à ce genre d'individu. Un individu pour lequel il a fallu pas moins de quatre policiers pour l'arrêter… Je demande donc d'entrer en voie de condamnation. Et d'appliquer la peine plancher pour vol aggravé en récidive. En l'espèce quatre ans de prison. »Le tribunal présidé par Marie-Agnès Bina s'est montré un tout petit plus clément. Sur les quatre années de prison requises, une a été assortie d'un sursis avec mise à l'épreuve de 18 mois.
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