FERE-EN-TARDENOIS (Aisne). Quatre gendarmes du Psig de Château-Thierry ont essuyé des tirs alors qu'ils tentaient pour la seconde fois dans la même soirée d'intercepter un véhicule suspect.
LE secret aura été éventé au bout de cinq jours. Dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 février, un gendarme d'une patrouille a dû faire usage de son arme de service après avoir essuyé plusieurs coups de feu a-t-on appris, hier, alors que les premiers échos de l'échauffourée commençaient à se répandre dans Château-Thierry et ses alentours.
Une information passée sous silence pour le bien de l'enquête assurent les gendarmes qui souhaitaient travailler en toute sérénité sur la recherche des fuyards en ne rendant pas ainsi publique l'affaire.
Reste que le vice-procureur De Valroger du parquet de Soissons a évoqué, hier matin, en quelques mots cet échange de coups de feu lors de ses réquisitions en tant qu'avocat général aux assises de l'Aisne, où deux hommes comparaissaient pour avoir tiré sur des policiers à Villequier-Aumont.
En ce qui concerne ces échanges de coups de feu de Fère-en-Tardenois, ce que l'on sait, c'est qu'un équipage composé de quatre gendarmes affectés au peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (Psig) de Château-Thierry effectuait, au cours de la nuit du 9 au 10 février, une mission de routine de surveillance générale en voiture lorsqu'ils croisent à Trélou-sur-Marne, vers 2 h 15 du matin, un Renault Scenic. La plaque d'immatriculation est passée dans l'ordinateur de bord. Elle est fausse puisqu'elle correspond à une Renault 21. Les gendarmes font alors demi-tour et tentent d'arrêter le véhicule aux fausses plaques. Au lieu d'obtempérer aux sommations d'usage, le chauffeur du Renault Scenic accélère et réussi à semer les militaires. A bord du véhicule en fuite, les gendarmes ont aperçu trois silhouettes.
L'équipe du Psig a, bien sûr, averti les autres patrouilles de sorties cette nuit-là et puis a poursuivi ses rondes. Vers 4 heures du matin, alors qu'ils se trouvent à nouveau dans le secteur, sur le CD 6, entre Trélou et Fère-en-Tardenois, leur véhicule croise le Renault Scenic à la fausse immatriculation. Ils font de nouveau demi-tour et actionnent le gyrophare et la sirène deux tons. Un passager à l'arrière tire plusieurs fois en direction du véhicule des gendarmes.
Le pare-brise du véhicule des militaires vole en éclats. Une balle va se loger dans un des sièges, passant de très près de deux militaires. Le gendarme, assis à la place du passager avant, tire à son tour.
Le Renault Scenic réussit à nouveau à s'enfuir et ne sera pas retrouvé malgré les barrages mis en place et les nombreuses patrouilles. Les quatre gendarmes ont eu beaucoup de chance et sont passés à travers les balles.
La hiérarchie assure que les quatre militaires impliqués dans la fusillade n'ont pas été blessés que ce soit par arme à feu ou bris de verre. Deux ont simplement souffert de crise d'acouphène dû au coup de feu tiré dans l'habitacle.
Depuis cinq jours, personne n'a été placée en garde à vue dans ce dossier, les gendarmes se sont intéressés aux événements délictuels (agression, vols…) qui se sont produits dans les environs des deux courses-poursuites cette fameuse nuit du 9 au 10 février et qui pourraient ainsi être imputés aux fuyards.
Il s'agit pour les enquêteurs de reconstituer leur épopée nocturne. L'enjeu est de taille, s'assurer qu'ils n'ont pas laissé des indices matériels permettant leur identification.
Aurélie BEAUSSART
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