Demande d'aide contre violence policière

Rappel du premier message :

Bonsoir,

Vous allez sans doute trouver ma démarche étrange, mais en absence de réponse, je me tourne vers vous pour essayer de trouver quelques réponses.

Je m'appelle Thomas, je suis docteur en biologie à Bordeaux. Ma future femme est opticienne dans la même ville.

Pour faire simple, nous comptons déposer plainte contre la brigade anti-criminalité de Bordeaux.

Pour résumer l'histoire en quelques mots :
Mercredi 14h, Bordeaux, place des grands hommes. Ma conjointe prend sa pause déjeuner, regarde les vitrines tranquillement. Une voiture arrive à pleine vitesse, stoppe brutalement devant elle, trois hommes en sortent et se jettent sur elle en hurlant.

Prise de panique, elle crie, se débat et se retrouve très vite plaqué au sol, la tête sur le trottoir, avec un policier qui lui pose son genou sur la nuque.

Car oui, ses agresseurs étaient en fait des policiers de la brigade anti-criminalité.

Visiblement, ma conjointe correspondait à peu près à la description évasive (selon les propres termes des policiers) d'une voleuse de portable.

Après une heure au poste, il se rendu compte de leur erreur. Quelques excuses bredouillées par la chef, d'autre qui au contraire essayait de l'impressionner "on a retrouvé une bombe lacrymo sur vous, donc dites pas que vous avez rien fait" ! En effet, depuis une autre agression il y a quelques années, elle se balade avec une mini bombe lacrymo (25 ml) cachée au fond de son sac comme beaucoup de filles d'ailleurs (Selon légifrance.fr, la possession d'une telle bombe est tout a fait légale car <100 ml, j'ai trouvé l'info sur ce forum) !

Au bilan, un immense choc émotionnel (elle ne dort plus depuis), 3 énormes hématomes sur les jambes (dont un de 9 cm, la quasi-totalité de sa cuisse), un hématome musculaire qui l'empêche de marcher et une lésion cutanée sur la nuque. Et la perte totale de la confiance en la police de notre pays, mais ca visiblement ils s'en moquent !

Bref, nous avons bien sur décidé de porter plainte contre ces personnes. Et bien sûr leur chef a refusé de nous donner leur nom....

Donc nous ne savons pas trop quoi faire ... Déposer plainte contre la police en France c'est mission impossible.

Impossible de contacter directement l'Inspection Général de la Police National, il faut passer par un parlementaire ...
Impossible de porter plainte au commissariat ...

Je sais que vous êtes des gendarmes, donc que ce sont "un peu" des collègues à vous, mais en votre âme et conscience, ce policier n'a t'il pas dépassé les limites de son devoir ? Un tel comportement est il conforme au code de la déontologie de la police nationale ? Un tel déchainement de violence était il nécessaire sur une femme de 52 kg ? Ont-ils le droit d'agir aussi violemment sur la foi d'une simple description et non d'un flagrant délit ?

Un avocat que j'ai contacté via mon assistance juridique me dit de porter plainte directement auprès du procureur, qui si il le juge nécessaire, demandera une enquête de l'IGPN. Une telle démarche a t'elle une chance d'aboutir ? Que dois-je faire pour avoir le maximum de chance de voir cet homme jugé ?

J'espère sincèrement que parmi vous certains pourront nous aider. J'espère qu'il y en aura parmi vous pour reconnaitre que parfois certains de vos "collègues" peuvent "dérailler". Je incrimine bien sûr absolument pas l'ensemble de cette profession, la majorité des policiers a finalement été aimable avec ma conjointe, mais le comportement de l'homme qui l'a violenté n'est absolument pas digne, selon moi, de représenter et de servir l'institution policière de notre pays.

En vous remerciant par avance de votre aide,
Thomas

Bonsoir Gendstas et Chassonaud (Mr ?),

Merci beaucoup de vos messages qui nous touchent beaucoup.

Je ne suis ni étonné ni contrarié par certains messages, je les comprends même.

Mais en tant que fils d'officier, j'ai moi même passé mon enfance sur les bases militaires : il m'a donc semblé naturel de me rapprocher des gendarmes quand cette mésaventure nous est arrivée, même si je savais très bien que mon message allait être sujet à controverse.

J'ai néanmoins eu les réponses aux questions que j'avais posés, et cela nous a beaucoup aidé dans la conception de notre dossier.

Nous avons même eu le témoignage d'une commerçante qui suivait mon amie des yeux avant même le début de l'agression et qui a accepté de rédiger un témoignage, assez accablant pour la police.

Nous avons même trouvé le commerçant à l'origine de la plainte qui a déclenché toute cette intervention. Il nous a confirmé qu'il avait donner comme signalement : un grand homme assez "baraqué" de type roumain et une petite brune de type roumaine. Ma conjointe étant française mais d'origine vietnamienne, je pense que cela pourrait être la raison qui a poussé ces policiers à son interpellation.

Nous ne savons pas encore si nous allons joindre ce témoignage au dossier, car nous souhaitons rester parfaitement objectif et s'en tenir aux faits ... Si vous avez un avis sur la question, nous vous en serions reconnaissant.

Bien cordialement,
Thomas

Si ça va dans le sens de la démonstration que l'action des forces de l'ordre était abusive, tout ce qui est pertinent est bon à prendre je pense.

Citation :

une petite brune de type roumaine. Ma conjointe étant française mais d'origine vietnamienne, je pense que cela pourrait être la raison qui a poussé ces policiers à son interpellation.

Je vois pas trop le lien qu'il y a entre roumaine-itude et vietnamienne-itude ?
C'est exactement la description ? Non parce que si oui c'est quand même étonnant qu'ils aient plaqué une personne avec un tel degré d'inexactitude.
Et il a parlé de deux personnes, alors que là il n'y a qu'un plaquage.

Bref, ça peut sans doute je pense aller dans votre sens ( même si j'imagine que c'est un peu plus précis que ça, il est hautement probable que ça le soit quand meme au final assez peu ).

en réponse à la demande concernant la production de témoignage je dirais tout simplement que tous les témoignages que vous pouvez recueillir seront bons pour votre dossier - notamment celui du commerçant qui précise le type d'agresseur ainsi que le nombre -

entre une personne d'origine roumaine et une autre d'origine vietnamienne il y a quand même une certaine différence - de ce fait se pose la question suivante : comment ont-ils pu ne pas faire la différence ? ils ont du, un minimum de temps surveiller les lieux avant de se lancer, afin de se rendre compte comment l'action allait être entreprise !!!! pour poursuivre un éventuel complice ils ont du remarquer, auparavant, que ce dernier était avec la personne interpellée, avant de prendre la fuite - or le narrateur, normalement considéré comme "le complice" puisqu'il était avec la "personne interpellée", ne semble pas avoir bougé de place -

un excés de précipitation semble être à l'origine de cette affaire, si l'on suit les dires de thomas 33 et un manque de discernement quant au type de personne recherchée et interpellée - dire que cela peut arriver à tout représentant de l'ordre ne me paraît pas acceptable sinon, à tout moment, qui que ce soit peut se trouver "embringuer" dans une situation compliquée dont il se serait bien passée -

Bonsoir,

Suivant vos conseils, nous venons de déposer la plainte directement auprès de Mr le procureur de Bordeaux. Nous y avons inclus tous les témoignages possibles.

Je pense qu'il était important pour ma compagne d'aller au bout de cette étape, afin qu'elle puisse oublier cette épreuve et puisse passer à autre chose. Mais honnêtement nous n'attendons pas grand chose de cette démarche.

Nous envisageons toujours un recours devant l'ex-Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité, mais n'ayant pas réussi à avoir un rendez-vous avec un médiateur de la république cette semaine, nous ne savons toujours pas s'il est possible de lancer les deux démarches en même temps...

On verra donc la semaine prochaine, à leurs retours de vacances.

Bien cordialement,
Thomas

Bonjour,

Comme prévu, je vous tiens au courant de l'évolution du dossier.

Il y a environ 2 semaines, un officier de l'IGPN nous a appelé. Il a été chargé par le procureur de la république de l'enquête sur notre affaire. Il a parlé à mon amie assez longuement pour avoir tous les détails de l'affaire. Il a aussi auditionné le témoin principal de l'affaire. Il semble appuyer sur un fait précis qui pourrait laisser penser que ce policier a "chargé" le rapport contre mon amie afin de se dédouaner. Mais heureusement le témoin est formel sur ce point.

Donc bien sûr rien n'est fait mais nous trouvons déjà rassurant de voir qu'une enquête a été ouverte. Cela nous rassure sur la recevabilité de notre plainte.

A bientôt j'espère pour un dénouement heureux.

Bien cordialement,
Thomas

Même si vous avez porté plainte, vous pouvez en parallèle saisir la commission de déontologie. La marche à suivre est expliquée quand vous faites une recherche sur internet. En bref, il faut passer par un parlementaire pour saisir la commission qui est un organisme indépendant et efficace.

Oui en effet on envisage toujours de saisir cette commission, mais notre avocat nous a dit que l'on ne pouvait pas déposer plainte et saisir cette commission.
Nous attendons donc dans un premier temps la voie légale classique, puis en cas d'échec nous envisagerons en effet de déposer plainte auprès du défenseur des droits.

Merci,
Thomas

Thomas33 a écrit:

Bonjour,

Comme prévu, je vous tiens au courant de l'évolution du dossier.

Il y a environ 2 semaines, un officier de l'IGPN nous a appelé. Il a été chargé par le procureur de la république de l'enquête sur notre affaire. Il a parlé à mon amie assez longuement pour avoir tous les détails de l'affaire. Il a aussi auditionné le témoin principal de l'affaire. Il semble appuyer sur un fait précis qui pourrait laisser penser que ce policier a "chargé" le rapport contre mon amie afin de se dédouaner. Mais heureusement le témoin est formel sur ce point.

Donc bien sûr rien n'est fait mais nous trouvons déjà rassurant de voir qu'une enquête a été ouverte. Cela nous rassure sur la recevabilité de notre plainte.

A bientôt j'espère pour un dénouement heureux.

Bien cordialement,
Thomas

Bonjour Thomas,

Il est vrai qu'il est difficile de se faire une idée de la scène lorsqu'on y a pas assisté.

Il est normal que le Capitaine de police n'ait pas voulu vous donner les noms des policiers que vous mettez en cause.

En revanche, pour éviter des problèmes à ses agents, les recadrer et surtout éviter de faire perdre du temps à tout le monde, il aurait pu vous recevoir, vous présenter des excuses et faire présenter des excuses au policier que vous incriminez.
Je suis certaine que des explications et des excuses sincères, auraient permis à votre amie de beaucoup mieux vivre la situation.
J'espère que l'enquête de l'IGPN permettra d'établir la vérité, mais ne perdez pas de vue que la volonté première de ce policier était de servir la société.

J'ai pour ma part déjà assisté à des tentatives de vol avec violences par des filles Roms et croyez-moi, elle ne lésinent pas sur la violence. Je me mets à la place de votre amie pour laquelle la situation a du être traumatisante, mais faisons aussi preuve d'empathie pour ce policier qui a certainement cru bien faire tant la violence publique est un fléau. Espérons que votre expérience malheureuse lui serve à aborder son travail avec plus de discernement.

Cordialement, Zézette épouse X

En effet, avec des excuses prononcées par ce policier et non par son chef, nous n'aurions sans doute pas porté plainte.
Au lieu de ça, ils ont préféré tenter d'intimider ma compagne en justifiant l'intervention par la présence de la bombe lacrymogène dans son sac.

Sur la violence de l'arrestation, je vais laisser l’enquête déterminer si oui ou non elle était justifiée. Je suis quand même surpris de voir un agent de police user d'une telle violence sur la base d'une seule description évasive et qui ne correspondait pas à ma compagne ... Je pense que l'énorme doute qui planait au moment de son interpellation aurait pu justifier un minimum de délicatesse et de précaution.

Enfin, vous avez parfaitement raison sur nos intentions : cette démarche a seulement pour but de faire réaliser à ce policier que son comportement n'était pas tolérable. Si à l'avenir il procède avec plus de discernement dans le cadre d'affaires similaires, nous estimerons que notre démarche a portée ses fruits.

Merci,
Thomas

Thomas33 a écrit:

En effet, avec des excuses prononcées par ce policier et non par son chef, nous n'aurions sans doute pas porté plainte.
Au lieu de ça, ils ont préféré tenter d'intimider ma compagne en justifiant l'intervention par la présence de la bombe lacrymogène dans son sac.

Sur la violence de l'arrestation, je vais laisser l’enquête déterminer si oui ou non elle était justifiée. Je suis quand même surpris de voir un agent de police user d'une telle violence sur la base d'une seule description évasive et qui ne correspondait pas à ma compagne ... Je pense que l'énorme doute qui planait au moment de son interpellation aurait pu justifier un minimum de délicatesse et de précaution.

Enfin, vous avez parfaitement raison sur nos intentions : cette démarche a seulement pour but de faire réaliser à ce policier que son comportement n'était pas tolérable. Si à l'avenir il procède avec plus de discernement dans le cadre d'affaires similaires, nous estimerons que notre démarche a portée ses fruits.

Merci,
Thomas

Personnellement, j'ai bien compris votre démarche et effectivement, le but et qu'elle porte ses fruits.

Sur l'intimidation, je ne vais pas vous rassurer car en interne nous avons des officiers qui pratiquent ces mêmes méthodes de voyous.

Dès qu'un gendarme, bien qu'ayant raison souhaite dire une vérité, il se fait atomiser par le système.

Au delà du problème de votre compagne, je crois que notre démocratie a un réel problème.

Si, ayant posé plainte, vous ne pouvez pas, pour le moment, saisir la commisssion de déontologie, je vous conseille cependant d'adresser, sans attendre, un courrier étayé avec toutes les pièces nécessaires au ministre de l'Intérieur en personne afin d'être certain qu'il y ait une trace de cette affaire à ce niveau qui a le pouvoir de saisir l'inspection générale des services (police de la police) sans attendre les suites de l'enquête locale.

Il est même possible que l'inspection générale des services prenne le relais des enquêteurs locaux afin d'éviter toute forme de suspicion.

A Talep

Thomas parle de l'IGPN dans son CR !!

Quelle tristesse ce post...ENFIN BREF