Les yeux cachés par des verres noirs et des sanglots dans la voix, la compagne* de David Delrocq, policier de la PAF qui s'est suicidé vendredi soir à Coquelles avec son arme de service, est une jeune femme brisée par le chagrin.
« C'était un coup de folie. Son geste n'était pas prémédité.
Ce jour-là, il était allé chez le coiffeur. Les enquêteurs ont cherché une lettre annonciatrice de son suicide, mais on ne va pas chez le coiffeur avant de se suicider ! » dit-elle. Pour elle, son geste est dû à une accumulation d'événements. « Il était en instance de divorce et le vivait très mal. Il avait une fille de 7 ans et avait gardé de très bons rapports avec son ex-femme. Elle le laissait voir sa fille quand il voulait. Mais il ne supportait pas de ne plus la voir tous les jours. Il avait une relation très forte avec elle. » Elle affirme avoir de bonnes relations avec la fille de son compagnon : « Il y a sa chambre dans la maison. On était une vraie famille recomposée. »
« Il adorait son chien »
Rapidement, elle en vient à la situation professionnelle de celui qu'elle considérait comme l'homme de sa vie. Pour elle, son geste est dû à une accumulation d'événements. « Il était maître-chien à la PAF. Il adorait son chien, Gior. Un jour, il a perdu du matériel. À la suite de cela, il a reçu un blâme. En septembre 2010, il a été muté au port de Calais. Il l'a vécue comme une punition. Il contrôlait des passeports et n'aimait pas ce travail. De temps en temps, il retournait voir son chien dans les locaux de la PAF, à Coquelles.
Il le trouvait sale, avait l'impression que personne ne s'occupait de lui. Il me parlait souvent de son chien. Et un jour, la serrure du box a été changée, il n'a plus pu voir son chien. Ça a été un coup dur ».
À cet épisode s'ajoute une autre déception : « En janvier, il devait obtenir le grade d'officier. Il ne l'a pas eu. »
« Il n'aimait pas son travail au port »
C'est donc tout un contexte familial et professionnel qui semble avoir conduit David Delrocq à se tirer une balle dans la tête.
Concernant la mort de la mère de David Delrocq : « Je ne comprends pas pourquoi il l'a inventée ! Il a dû être vraiment mal.» Quelques jours avant le drame, l'ex-compagne a remarqué des changements dans son comportement : « Ces derniers jours, il avait refait le garage, et nettoyé le jardin. Il allait mieux. »
« Personne ne comprend son geste »
Depuis le drame, la famille prépare les obsèques. « Sa fille ne sait pas qu'il est mort. On va aller voir un psy pour qu'il lui explique avec des mots d'enfants. » Un grand vide s'est fait dans la vie de l'ex-compagne de David Delrocq. « Je voulais des enfants avec lui. Je me demandais où était l'homme de ma vie, je sais maintenant qu'il est là-haut. » Elle était avec David Delrocq depuis six mois. « Quand je l'ai connu, j'étais en dépression. Je venais de rompre avec quelqu'un avec qui j'étais depuis huit ans. La maison est devenue trop grande. Et, lui, il vivait dans un appartement qu'il n'aimait pas à Blériot. Il vivait avec moi depuis le mois de février. Quand je l'ai rencontré, je me suis dit : "ça y est, je vais enfin avoir une vie meilleure". Il était déjà en dépression et m'a soutenue. Il m'a dit : "quand t'as un genou à terre, l'autre t'aide à te relever. » De David Delrocq, elle voudrait qu'on garde « l'image d'un homme bien et d'un bon père de famille. Il va me manquer pour toute la vie ».
Annie VOEUNG
*La jeune femme a souhaité garder l'anonymat.
Source : Nord Littoral