Gendarme poursuivi pour violence : le ministère public requiert la relaxe
Un gendarme en tenue à la barre des prévenus, c'est rare : hier matin, un militaire du peloton de surveillance et d'intervention (PSIG) de Pau comparaissait en correctionnelle, poursuivi pour « violence par une personne dépositaire de l'autorité publique ».
Les faits remontent au 3 mai 2009, lors des fêtes de Mirepeix. Au coeur de la nuit, le ton monte entre deux amis, âgés d'une vingtaine d'années, en présence de la compagne de l'un d'entre eux. Quatre gendarmes du PSIG interviennent aussitôt. « C'était une grosse altercation, ça allait finir en bagarre », explique le militaire. « Nous avons séparé les deux protagonistes virilement ». En résumé : « Une intervention musclée ».
La jeune femme, qui a alors exprimé avec une certaine vigueur sa colère aux militaires (c'est une litote) a porté plainte le lendemain : elle soutient qu'un gendarme lui a donné un coup de poing, photo et certificat médical à l'appui. Ce que nie fermement le militaire : « Elle était hystérique. J'ai mis ma main en avant. Un geste de défense ». Un geste de raffut, diraient les sportifs.
Me Michèle Karoubi pointe « le courage de [sa] cliente qui est allée porter plainte (avec une consignation de 400 €...) contre un gendarme ». Et qui risque in fine de le regretter... Car, au terme de la procédure, la « victime » se retrouve aujourd'hui prévenue pour outrages, tout comme les deux protagonistes de l'altercation : tous trois ont, lors de l'intervention des forces de l'ordre, agoni d'injures les gendarmes... Dont ils n'ont pas compris l'entrée en action : « On s'engueulait juste, il n'y avait pas de bagarre ! », lâche un des deux compères.
« Intervention légitime » pour le procureur
Me Karoubi estime que sa cliente, « d'habitude respectueuse et posée », « n'a pas insulté les militaires sans raison ». L'avocate s'est constituée partie civile pour le coup reçu et plaide la relaxe de la jeune femme pour les outrages « au vu des circonstances exceptionnelles de l'interpellation ».
Le procureur Orlane Yaouanq souligne qu'elle « entend que les gendarmes montrent l'exemple ». Mais dans le cas présent, elle s'en tient aux témoignages « qui ne vont pas dans le sens de la jeune femme » : « Il vaut mieux prendre une altercation à la base. L'intervention des gendarmes était légitime ». Elle requiert donc la relaxe du militaire... et une amende 500 € à l'encontre de chacun des trois autres prévenus, pour les outrages.
Le tribunal rendra sa décision le 15 mars
source La République des Pyrénées ici:
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2011/03/01/gendarme-poursuivi-pour-violence-le-ministere-public-requiert-la-relaxe,182698.php