Monsieur le Président,
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps.
J'ai su par les infos
Que deux de nos gendarmes
Ont déposé les armes
Parce qu'ils ont dit des mots,
Clamé que la fusion
Gendarmerie Police
Etait une injustice
Et une aberration.
Monsieur le Président,
Ces gens-là sont sincères
Ce sont des militaires
Fidèles à leur serment.
Ils sont les héritiers
De grands siècles d'Histoire
Qui ont couvert de gloire
Leurs pères et leurs aînés.
Ils se sentent humiliés
Par certaine reforme
Qui ternit l'uniforme
Qui faisait leur fierté.
Même s'ils sont blessés
Ils veulent rester digne
De la faveur insigne
De faire un beau métier.
Mais ils ne veulent pas
Passer par les combines,
Sous les fourches caudines
De certains syndicats.
En toute bonne foi
Et en toute franchise,
Voici ce qu'ils vous disant
En parlant par ma voix :
"Monsieur le Président
Usez de la clémence,
Faites au nom de la France
Cesser tous nos tourments.
Rendez-nous notre honneur,
Levez la punition
Accordez le pardon,
Sans haine, ni rancoeur.
Au nom de la raison,
Soyez grand, magnanime,
Nous serons unanimes
Pour servir la nation.
Monsieur le Président,
Donnez-nous une chance,
Pour que vive la France
Jusqu'à la fin des temps.
Signé Candide Major (ER)
Poème inspiré librement et "paradoxalement par Boris Vian.