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Hortefeux, les grosses ficelles


Brice Hortefeux est malin mais à trop tirer sur l’élastique, il prend le risque de le casser. Ainsi, conscient que sa politique de destruction des effectifs de policiers et de gendarmes est en parfaite contradiction avec son ambition de garantir la sécurité pour tous et par tout, il vient –une nouvelle fois– de mentir par omission.

En fin de semaine dernière, vendredi, profitant d’un déplacement dans un commissariat à Sevran en Seine-Saint-Denis), il n’a pas pris de gants pour annoncer la «création exceptionnelle de 1.500 postes d’agents» destinés à étoffer les rangs policiers. Le Figaro, relayant cette information, ne fait pas non plus dans la subtilité en écrivant: «Cette manne, acquise de haute lutte par le ministre de l'Intérieur à Matignon et à l'Élysée avec le soutien de Nicolas Sarkozy, a un parfum d'aubaine».

On s’en veut un peu pourtant de casser l’ambiance mais la mariée n’est pas si belle.


D’abord, comme d’habitude, le ministre annonce des recrutements mais il «oublie» de citer les sorties. Ainsi quand on prend la peine de reprendre le projet annuel de performance pour 2010 de la mission sécurité du Ministère, on lit page 42 et 43, la suppression nette de 416 emplois d’adjoints de sécurité.

Derrière le jargon administratif utilisé, on relève en effet qu’alors qu’en 2009, le plafond d’emplois autorisé était de 9.893, celui autorisé pour 2010 n’est que de 9.477! Concrètement cela veut dire que si 1.684 recrutements sont prévus, 2.300 adjoints de sécurité doivent quitter les commissariats!

Ensuite, comme l’a évidemment relevé le principal syndicat des gardiens de la paix, parce que ces adjoints de sécurité (ADS) ne sont pas des «policiers», ils ne pourront jamais les remplacer… Faut-il encore rappeler que les ADS ne bénéficient que d’une formation initiale de 12 semaines contre 12 mois pour les gardiens de la paix?

Enfin, le ministre aurait sans doute mieux fait de porter son attention sur la situation actuelle des ADS.
En conclusion, il suffit de reprendre les propos de Frédéric Péchenard, directeur général de la Police nationale, le 13 mai 2009 lors d’une audition à l’Assemblée nationale: «Je suis très inquiet pour mes personnels, mes moyens et mon budget. Il est programmé que la police nationale perde 4.829 équivalents temps plein (ETP) sur les trois ans à venir». Rappelons que pour les trois dernières années, le gouvernement de François Fillon a supprimé 9.121 emplois de policiers et de gendarmes.

http://assemblee.blogs.liberation.fr/urvoas/2010/03/les-grosses-ficelles-dhortefeux.html