Le chiffre n’est pas encore officiel. Mais, l’an dernier, les services de gendarmerie ont saisi plus de 100 millions d’euros « d’avoirs criminels ». Soit le double de l’année précédente. Les « avoirs criminels » ce sont les bas de laine des délinquants et des trafiquants : voitures de luxe, comptes bancaires, commerces, appartements ou villas…
Depuis trois ans maintenant, les gendarmes français ont fait du portefeuille des criminels une « priorité ».
« Certains craignent moins de passer plusieurs années en prison que la confiscation de leurs biens. Désormais, notre principe est simple : fini les bénéfices pour les criminels », estime le lieutenant-colonel Simon Baradel, de la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN).
Pour « dépouiller » les trafiquants de drogue ou les escrocs, la gendarmerie a formé 284 enquêteurs patrimoniaux qui sont aujourd’hui répartis dans toute la France. Ils interviennent dès le début de l’enquête et sont chargés uniquement de fouiller les comptes. « Nous ne nous attachons pas qu’au criminel lui-même, ajoute le lieutenant-colonel Baradel. Sa famille et ses proches peuvent aussi servir de prête-noms pour gérer des commerces. »
Des voitures de sport et des 4 x 4 de luxe récupérés
Exemple concret : la prise de 630 kg de résine de cannabis près d’Orléans (Loiret) l’an dernier a donné lieu à la saisie de douze véhicules appartenant aux membres du réseau. Valeur du parc automobile : 250 000 € qui se sont ajoutés aux 393 000 € saisis en liquide.
Une autre affaire tentaculaire pourrait rapporter gros : un réseau de malfaiteurs bulgares qui pirataient des distributeurs automatiques de billets en France a été démantelé en 2009 par les gendarmes français et la police bulgare. Dans leur pays natal, les escrocs se sont fait saisir pour 10 millions d’euros de biens. Un pactole qui va faire prochainement l’objet d’un partage entre les deux pays.
Les services d’enquête ont même parfois la possibilité de faire leur choix dans les saisies pour se faire attribuer des véhicules. Le GIGN a ainsi récupéré un Porsche Cayenne confisqué dans une affaire d’escroquerie et un autre service est désormais doté d’un coûteux GPS marin pris dans une autre procédure. Et les stocks de saisies recèlent encore quelques pièces rares qui seront bientôt revendues.Clou de la collection, une splendide Lamborghini confisquée au membre d’un réseau d’escrocs, mais aussi d’autres voitures de sport, Porsche, Mercedes ou un 4 x 4 géant Hummer, récupéré dans une affaire de travail illégal et d’escroquerie en Bretagne. Un trésor de guerre « qui profitera à l’Etat plutôt qu’aux délinquants », se félicite le lieutenant-colonel Baradel.
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