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Nogent-sur-Seine Les ordures produisent de l'énergie
La valorisation des ordures s'est concrétisée récemment sur le site de Sita Dectra, sur la commune de Saint-Aubin.
C'est quand même bien pratique de déposer ses ordures devant le portail de son habitation le soir et de récupérer une poubelle vide le lendemain. Les ordures ne cessent d'augmenter : chaque année, plus d'un milliard de tonnes de déchets sont produits. En France, en vingt-cinq ans, la production de déchets est passée de 270 kg par an et habitant à 400 kg, ce qui représente 5 % de la production mondiale des déchets.
Les modes de production et de consommation accroissent à un rythme sans précédent la quantité et la diversité des déchets ayant des effets persistants sur l'environnement. Si les choses ne changent pas, la quantité de déchets pourrait doubler d'ici à la fin du siècle et être multipliée par quatre ou cinq d'ici à 2025.
Pour inverser la tendance, il faudrait changer radicalement les modes de production et de consommation, ce qui passera nécessairement par le tri sélectif et l'optimisation des déchets. Au-delà du volume exponentiel des déchets, le coût du traitement est loin d'être anodin pour les collectivités territoriales et, par incidence directe, pour tous les habitants.
Sita Dectra se veut précurseur
Les modes d'alimentation (plats préparés, restauration rapide…) et le packaging sont à l'origine de ce flux croissant, et il est certain que les consommateurs doivent faire des efforts lors de leurs achats pour privilégier les produits moins gloutons en matière, et mieux trier leurs déchets pour en faciliter le traitement. Le consommateur est donc prié de faire des efforts… mais il souhaiterait que les industriels soient soucieux d'en faire aussi, en « emmaillotant » un peu moins leurs produits, par exemple.
La filiale de Suez Environnement Sita Dectra a, depuis plusieurs années, complètement intégré la notion de valorisation énergétique des déchets qu'elle traite. « Sur le site de Saint-Aubin, on traite proportionnellement 50 % d'ordures ménagères et 50 % de produits industriels non dangereux, composés essentiellement de déchets de carton, plastique et polystyrène », explique Marcel Cerdan, responsable d'exploitation de Sita Suez. « La valorisation énergétique des déchets est assurée par Sita à travers quatre procédés : l'incinération, le stockage, la métha- nisation et la combustion du bois-énergie. Sur le site de Saint-Aubin, c'est le process de méthanisation qui est exploité. » De quoi s'agit-il ? « L'activité microbienne du site produit du gaz sous différentes formes, (méthane, H2S, CO2…), précise Marcel Cerdan. Ce gaz volatil était jusqu'alors brûlé ; aujourd'hui, il est exploité et alimente un moteur qui produit à son tour de l'énergie, électrique cette fois-ci. »
Un investissement de 2 millions et demi d'euros
Depuis deux semaines environ, un complexe motorisé exploite le biogaz et le transforme en électricité à hauteur d'1MW, soit l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 2 000 habitants. « Ce sont un peu plus de 1 000 tonnes de CO2 rejetées en moins chaque année », précise Marcel Cerdan. Les lixiviats - le liquide résiduel qui provient de la décharge, le « jus » des poubelles - sont traités par cogénération. Une double économie pour le site : jusqu'alors les lixiviats étaient acheminés à Dijon par camion pour y être traités, « car aucune station d'épuration locale n'était en mesure de traiter ces boues. Mais cela avait un coût ». L'entreprise Sita, qui souhaite valoriser les déchets qu'elle traite, les transforme donc en énergie. Certes, cette démarche s'inscrit aussi dans un souci d'économie d'échelle et d'économie tout court… afin de rester compétitif sur un marché en pleine évolution, où les acteurs sont de plus en plus nombreux. Mais cette valorisation est également bonne pour l'environnement. Un pari audacieux, qui peut être payant !
Auteur : Éric BAILLY-BAZIN
Article paru le : 4 octobre 2008